"On peut admirer, au musée de Rennes, le magnifique Nouveau-né de Georges de La Tour.
Veloutée, enduite d’ombre ou, sa densité surprend, mais, chez le peintre, elle surprend toujours, de cette nuit très obscure qu’éclaire une chandelle – la flamme, invisible, informe toute la toile : du bébé aux visages de la mère et de cette autre femme, plus âgée (servante ? parente ? confidente ?), laquelle tient la bougie, la protégeant des courants d’air d’une main que la lueur fantôme rend translucide, plus intime et charnelle, légère à la fois d’être comme radiographiée, du vêtement rouge de la jeune maman aux reflets qu’avec le blanc des langes, celui de la chemise de la seconde femme et du bonnet coiffant l’enfant endormi ils multiplient sur la peau des personnages, rien ne lui échappe) –, l’œuvre, qui fut composée vers 1645, dispense une telle douceur qu’elle émeut jusqu’aux larmes.
C’est tout ce que je n’ai pas vécu, tout ce qui ne me fut pas donné qui soudain se saisit de moi, m’étreint, me bouleverse : on ne guérit pas de ses jeunes années."
Le Chemin des écluses, Lionel Bourg, Editions Folle Avoine