
En relisant des notes prises sur « les palmiers sauvages » de Faulkner, je peux aujourd’hui comprendre à quel point déjà en 89 l’histoire du rythme m’obsède. J’avais noté que la faute, le péché, la fausse-note et le faux-pas était une seule et même chose, une erreur de rythme. Que l’histoire commence quand le ou les personnages commettent physiquement une action qui les exile de ce rythme autour d’eux, et que c’est au moment même qu’ils le perdent qu’ils prennent soudain conscience qu’un rythme général plus grand qu’eux, existe.
Ensuite les voix les tons les niveaux de language peuvent recréer en s’entremêlant l’illusion d’une sorte de musique. Faulkner utilise beaucoup cela, il redessine une frontière là où « l’American way of life » ne voudrait plus en voir. Faulkner n’invente pas la frontière il dit simplement qu’elle existe toujours. Voilà pourquoi ses livres se sont si mal vendus à son époque. Beaucoup trop dérangeant, et surtout pas du tout « en rythme » avec l’hypocrisie ambiante.
Et comme ici en France nous avons toujours entre dix et vingt ans de retard sur les U.S pas étonnant que certains grands écrivains lisant du Faulkner n’y aient absolument rien compris.
Aujourd’hui c’est plus facile de lire Faulkner, l’american way of life on l’a pris en pleine poire, on en vomirait toutes nos tripes de cette hypocrisie crasse. Bien vu de remettre Faulkner sur les rails… encore qu’il n’est pas à consommer en dilettante, donc il est plus facile de dire oh oui j’ai lu Faulkner, et passons vite à autre chose que de le lire vraiment.