Depuis l’enfance et les cours d’histoire auxquels je me suis intéressé j’ai toujours été révolté par l’arbitraire que je ne cessais de déceler dans le mot loi. D’ailleurs la faire respecter nécessite encore et toujours le bâton ou la carotte, rien n’a vraiment changé depuis les premiers temps de l’humanité, même si parfois sous prétexte de gouvernement justement, de démocratie, on enrobe ce processus binaire d’un tas de fioritures. Respecter la loi par crainte d’être puni, ou au contraire pour obtenir la récompense de vivre en paix. Cela se limite en gros à cela. Ensuite que ces lois puissent protéger les plus faibles ressemble à un simple argument de réclame. Les dictatures de tout poil si critiquables soient-elles possèdent au moins une vertu. Le bâton apparaît presque immédiatement sitôt qu’on franchit la ligne. Peut-être ont-elles d’ailleurs le vent en poupe plus que jamais à cause de cela uniquement. Pour retracer un système de démarcation net sur la chaussée afin que chacun puisse bien voir la ligne et prendre en compte le risque. Le flou démocratique autant qu’artistique peut fatiguer les yeux, éreinter les meilleures volontés. on imagine alors que la netteté surgira de la précision comme de la maintenance d’un ordre venu d’en haut et dont les sbires se chargeront de propager sans traîner le mode d’emploi. Ce qui crée des situations forcément aussi ridicules que par la voie parlementaire. Je veux dire que l’être humain sitôt qu’il devient foule à qui l’on donne la parole bêle ou beugle à l’envie. Est-ce grotesque, tragique ? Peu importe. C’est à peu près tout ce qu’il sait faire. La loi véritable celle à laquelle on obéirait par intelligence, par amour, on ne l’a trouve plus guère que dans des configurations religieuses, littéraires, artistiques. Mais ici aussi gare aux gurus aux dictateurs et prophètes de tout acabit. Même les paysans, les ouvriers sont parvenus à un tel état d’isolement d’exténuation, que les syndicats ne sont plus que des coquilles vides. Sans parler de certains petits arrangements que j’ai pu découvrir non sans dégoût entre les responsables de certaines de ces factions et les patrons, et ce encore une fois par pur intérêt personnel. Comment croire à la loi, à l’impôt, aux charges, à la soi- disante collectivité une fois qu’on est frappé de lucidité après tout cela. Et bien justement on n’y croit plus vraiment. Il arrive même que l’on fasse à peu près tout consciemment ou pas afin de s’y opposer. Surtout lorsqu’on a compris que pour certains le passe-temps principal est de toujours chercher à la contourner. Quand la loi devient cette chose si ridicule au même titre que les institutions sensées la défendre que reste t’il alors ? La violence et rien d’autre, voilà tout ce qu’il reste. Les loups tuent quelques moutons et on repose l’ordre sur son piédestal tôt ou tard pour que tout recommence comme si rien ne s’était passé. La crainte des coups est remise à la mode, voilà la paix reformulée.
La loi
Post-scriptum
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Huile sur toile 30x40cm
D’après une œuvre de Maurice Dermarkarian Réalisation juin 2023 Huile sur toile 30x40cm juin 2023|couper{180}
 
      
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Un peu plus loin près de toi
Photo de Letizia BattagliaMinime damorun minimum d'amour Toi c'est ce livre, quelque chose de moi s'y accroche encore. Pourtant il ne paie pas de mine, il convoque ce que je ne montre jamais vraiment, ce que je dissimule. Peut-être que c'est cela l'intime, peut-être que ça ressemble à ça, à ce que l'on retient, ce silence qu'on ne peut dire. Que l'on ne veut jamais dire. Parce qu'on sait bien que ça ne sert à rien. Essayer de le dire c'est riper à côté presque en même temps. C'est comme vouloir d'un Jésus économiser les tranches bien trop fines, la lame glisse sur le boyau devenu trop dur, ce n'est plus bien droit, plus bien régulier comme on voudrait. On fini par dépit à trancher de travers ou carrément de guingois. ça fini en charpie. Je ne t'ai pas repris dans les mains depuis des années, Tu est là sur un rayon de la bibliothèque, anonyme parmi les anonymes quand je n'ai pas les lunettes sur le nez. Les titres autrement sont devenus flous comme les auteurs, une bibliothèque floue comme mes souvenirs de lecture à présent peuvent l'être. Il me reste juste le même silence, une impression, quelques images récurrentes me permettant vaguement de me rappeler. De me rappeler celui que je fus à cette lecture, mais très vaguement. Un livre c'est un peu ça aussi, c'est une étape dans le temps, c'est du passé bien souvent. On pourrait se dire qu'il suffit de rouvrir la couverture, de remettre le nez dedans, on pourrait se dire tant de choses mais on se demande rarement à quoi ça servirait. A quoi ça servira vraiment. Pourtant toi, tu es toujours là, aussi longtemps que moi je serai là je crois que tu seras là. Il me reste cette pauvre croyance vois-tu. Ce que tu es, ce que je suis, on ne le sait pas, c'est juste du silence qui jour après jour se creuse un peu plus profondément, et qui n'est plus gênant on fini par être un peu plus domestiqué par ce silence de jour en jour.|couper{180}
 
      
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Danger et merveille
Le danger et la merveille de lire est que nous sommes tentés de devenir les héros plus ou moins heureux de ces histoires qu’un inconnu nous raconte. A la surface du miroir que fait surgir toute lecture tant de reflets de nous-mêmes naissent et meurent de livre en livre. Danger de rester le front collé à la surface de ce miroir, merveille d’obtenir le laisser-passer pour le traverser. Lire est comme vivre d’après l’expérience vécue des deux. Au tout début une naïveté, une inconscience quasi totale, puis un éclair bref qui jaillit presque toujours sur le tard et qui éclaire nos propres ombres recroquevillées dans l’obscurité. Alors on voudrait rattraper un temps qu’on estime perdu, le temps de vivre ou le temps de lire, et on se rend compte qu’il est trop tard. Cette prise de conscience bien que tragique en apparence ne l’est que si l’on croit à de vieilles superstitions, que si la vieillesse est le reflet entraperçu sur le visage de nos aïeux, de nos parents et grands parents, une image de la vieillesse telle un vieux cliché en noir et blanc. Mais la vieillesse comme la jeunesse ne sont que différents états de la même chose, c’est à dire de l’être nécessaires l’un comme l’autre à sa complétude. Et je crois aussi qu’on peut réinventer ce que nous plaçons dans ces mots, que chacun d’entre nous est bien libre de le faire. Par exemple qu’un jeune est souvent vieux avant de l’être et qu’un vieux peut avoir un regard pur de nouveau né parfois. Il suffit seulement d’ouvrir les yeux et de voir au delà de ce que nous pensons voir comme on nous aura appris à penser voir et non à voir. De tous les livres que j’ai lus, il m’est si difficile d’en isoler un seul puis de dire je vais seulement parler de celui-là. C’est comme demander à un père de choisir un seul de ses enfants, c’est le sacrifice demandé à Abraham, et auquel seuls les plus vaillants ou les plus fous, les plus pieux obtempérerons. C’est demander un amour surhumain envers une chose surhumaine qui flatte à mon goût bien trop le risque de l’orgueil. Avec le temps je me suis mis à aimer tous les tableaux, tous les livres, comme tous les êtres qui surgissent sur ma route. Ça ne veut pas dire qu’à chaque fois je tombe dans l’effusion, la sensiblerie, non sûrement pas. Je sais seulement ce qu’il en coûte d’écrire comme de vivre, du moins je suis parvenu à l’âge où les idées ne changent plus guère ou changent moins vite sur les choses. Les idées qui valent la peine d’être nommées ainsi surtout. Les héros comme les anti héros ne sont plus aujourd’hui matière à admiration comme autrefois. Je ne le regrette pas plus que ça ne m’enchante. C’est un fait. Seulement un fait. Derrière chaque protagoniste il n’y a jamais un homme seul, mais toute une époque avec ses façons de penser voir, sa permissivité et sa censure, une société. C’est ce que l’on ignore quand on commence dans la vie dans le costume de singleton facile à endosser au début, lourd à conserver au fur et à mesure que l’on progresse que ce n’est qu’un costume. Que la comédie humaine se joue sur le théâtre sociétal et que ses coulisses sont bourrés d’accessoires, à priori divers et variés en apparence, mais qu’au bout du compte tout pourrait se résumer à bien peu. Tout pourrait se résumer en un seul mot : “l’amour” et son grand mystère. Dont j’ai espoir qu’à la fin, nu totalement, chacun puisse se réjouir d’aborder ses rivages puis partager la nouvelle sans la moindre ambiguïté.|couper{180}
