J’ai lu beaucoup de mauvais livres, et je les ai trouvés bons pour moi. Pas tout de suite, bien sûr. Au début, je ne savais pas quoi penser. Qu’est-ce qui fait qu’un livre est bon ou mauvais ? Ce n’est, après tout, que de l’encre sur du papier. Des histoires, des idées, qui vont et viennent, sans autre prétention que celle d’exister.
J’ai lu de bons livres, mais c’est parce que j’ai décidé qu’ils étaient bons pour moi. Pas parce qu’on me l’avait dit, pas parce qu’ils avaient été célébrés ou oubliés. J’ai toujours été méfiant vis-à-vis des "on dit". Non, j’ai dit qu’ils étaient bons juste parce qu’ils me parlaient, même maladroitement. C’est comme ça que de mauvais livres sont devenus bons : non pas parce qu’ils ont changé, mais parce que mon regard sur eux a changé. Ce qu’ils contenaient, je l’ai fait mien. Je l’ai réécrit, peu importe si je l’ai écrit maladroitement moi aussi.
Ma chance est d’être inculte, d’en être conscient un peu plus chaque jour. Au début, ça aussi c’était un poids, une tare, c’était du mauvais à n’en jamais finir, et puis c’est fini comme ça a commencé, sans prévenir.