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Relevé du 22 juin – Monument aux morts, Isère
Devant le socle du monument, trois bouquets déposés à même la pierre. Rubans tricolores, papiers froissés, tiges fatiguées.
Autour : personne. Pas de drapeau levé, pas de discours. Seules ces gerbes laissées là, comme un écho affaibli d’un rite qui persiste.
L’inscription gravée évoque la « paix » et la « gloire éternelle ». Mais les mots sonnent aujourd’hui comme suspendus, presque en attente.
En contrechamp invisible, l’actualité : les sirènes d’alerte, les cartes de zones rouges, les discours de mobilisation rampante.
Le geste commémoratif persiste, mais que commémore-t-on, à l’ombre des conflits qui s’annoncent ?
Le marbre reste muet, les fleurs se fanent. Et pourtant, quelque chose continue d’agir ici — un mythe peut-être. Celui d’une paix promise, éternelle, sans cesse contredite