Voilà, il est l’inexorable, et que faire contre lui, ce taureau qui nous fonce droit dessus dans l’arène alors que je n’ai pas demandé à être dans l’arène. Même pas sur les gradins. Je regarde son visage et j’en vois soudain mille, légion disait-on autrefois pour désigner l’innombrable. C’est à dire aller maintenant un quasi 50 pour cent. Fin des démocraties, effondrement des rêves, ils veulent de l’ordre ils vont être servis.

Combien de temps cela dure ensuite, on ne le sait pas. Il faut rejoindre un maquis, en pleine lumière trouver sa fissure, son trou, et travailler d’autant à s’enfoncer encore plus loin.

Les dormeurs infatigables remuent parfois dans leur sommeil, font-ils des rêves des cauchemars ? qu’est-ce qui les agite quelques instants, juste avant l’inexorable ? A moins que nous nous trompions encore quant à l’inexorable comme sur la mort, la vie.

Seulement hier que je m’aperçois que W. m’a laissé un message pour venir au vernissage. J’étais obligé une fois arrivé à S. de revenir sur mes pas. De refaire le trajet. Il pleuviotait. Je n’avais pas pris la publicité, les cartes de visite, les imprimés de stages, et je ne sais quoi encore. S. était fâchée. Bon j’ai dit je retourne. Difficile de se garer. Et puis de loin j’avais vu cette femme qui se tenait devant notre porte. j’avais perçu son insistance de loin. Elle a oublié qu’on ne fait pas cours ce matin. J’avais tourné pour trouver une place. j’étais presque content de n’en pas trouver. Cela m’évitait d’avoir à parler, expliquer encore le pourquoi du comment. Je suis gentil mais j’ai mes limites. Voilà, c’est ce mot qui revient lancine encore, la limite.

Bref, j’ai pris le pochon de papier avec la réclame, et j’ai oublié mon sac dans lequel le portable ; Et W. a téléphoné et ne pouvais ni le savoir ni lui répondre. Et durant le vernissage je me souviens très bien avoir songé que ce serait bien que W. vienne, j’avais noté qu’il n’était pas là, j’espérais un peu, et puis je me suis dit aussi, qu’il avait bien autre chose à faire, un peintre comme lui à venir voir les barbouillages d’un peintre comme moi.

Et hier après avoir rechargé le portable je vois un message vocal s’afficher sur l’écran. j’écoute. c’est W. mais comme nous sommes mardi et qu’il a appelé samedi dernier, je me dis zut zut zut. Je me dis qu’il y a des rencontres, des rendez vous manqués, et bien sûr je n’appelle pas, pas maintenant, j’ai autre chose à faire bien sûr. voilà exactement comment les choses se passent, un événement formidable ou effroyable advient, et on se dit pas maintenant, j’ai certainement autre chose à faire.

bon, je cherche une image pour illustrer ce billet et je tape son nom, et sur quoi je tombe, paf ! incroyable, merveilleux, mais si j’écris tout cela personne ne me croira jamais.