Ceux qui gagnent possèdent entretiennent cultivent un savoir qui n’est pas commun et qui ne doit, en aucun cas, le devenir. C’est un savoir logé au fin fond des terriers, dans le nœud compliqué que fabriquent les serpents qui s’accouplent. Un savoir qui tire son essence des résines et des glues, des entailles des troncs. Un savoir qui coûte tout ce que l’on peut recenser de solitude ici bas. C’est un savoir de cyclope donc de Poséidon, abyssal. C’est l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie, sa raison d’être. C’est un savoir chtonien à l’exact opposé du soleil, du ciel, de l’azur. L’atteindre nécessite une grande multiplicité de refus qui s’emboitent un à un comme ces figurines peintes en rouge et noir, ces babas russes, pour arriver à la plus petite qui ne laisse plus voir qu’un immense rien, le néant primordial. Peut-être le refus forcené de tout espoir mène à cela. Et l’argent envahit tout, ruisselle sur les décombres de Kiev, d’Alep, de Rafa comme un antépénultième déluge, comme la manifestation de ce savoir occulte qui gagne à chaque coup quoiqu’on en dise, inéluctablement.
L’espoir alors, c’est le déluge, l’ultime. Un grand coup de balai qui remettra les pendules à l’heure, les barres au t, les points sur les i. Un chaos pour remettre de l’ordre. Bien à la mode du jour.
Ecrire avant la pensée de ce qu’on écrit. Ecrire avant l’ordre issu de ce chaos. Ecrire l’insensé avant qu’il se fige dans un sens, celui de l’entropie, du temps.
Ecrire comme courir contre son ombre. Ou l’inverse, laisser l’ombre prendre le pas sur ce qui l’a crée, le Soleil, la lumière, le jour. Ecrire participe peut-être de l’antidote, à moins que ce ne soit qu’une façon parmi d’autres de s’empoisonner l’existence jour après jour pour ne plus être sensible à n’importe quel poison.
On ne sait rien faire de la liberté tant nous sommes esclaves de nos attentes. Et se rêver sans attente est un but débile, une attente aussi. Mais creuser l’esclavage jusqu’au filon de fer dont sont issues les chaînes, les boulets, peut d’une certaine façon occuper l’espace infini de l’attente comme celui de la liberté.
autrefois le mode prophétique, quand tout autre mode n’existe plus ou nous a abandonné. La profération, pour creuser des tunnels dans le vide. Pour recréer du plein et partant du sens au sein de l’insensé.