Une semaine d’avance. j’écris la nuit du 13 juin ce qui ne sera publié que le 19. Est-ce que je m’économise ainsi, ou l’éventuel lecteur, ( j’allais prendre des précautions et ajouter lectrice, puis j’y renonce ) d’ailleurs je renonce à finir aussi cette phrase. Je la laisse en suspension.

Ce que je ne lis pas tombe dans l’oubli. Une fois le livre refermé que se passe t’il, où vont les mots, les phrases que je ne lis pas, que je ne lis plus. Il est pratique de penser que d’autres s’en empareront, mais ce n’est pas ça. Je veux parler de cette partie de soi qui disparaît avec, une partie en chantier portée par l’avancée du texte, et qui devient un chantier à l’abandon.

Bien sûr il est possible de reprendre le livre là où l’on s’était interrompu. Mais est-on certain de retrouver le même chantier, de ne pas se tromper de chantier ?

Glaner, ce qui reste une fois la moisson terminée, c’est à dire la journée fauchée. J’essaie de tendre l’oreille vers des sons particuliers , des sons qui auraient à un moment ou l’autre attiré vraiment l’attention. Le son d’une perceuse pendant que j’effectuais une conférence sur la peinture à des CP. Plus tard j’ai ouvert la porte fenêtre, le vent traversait les feuillages des tilleuls, et ma voix soudain qui disait aux élèves il est beau ce tilleul vous l’avez regardé, et l’absence de réponse.

J’entends aussi cette remarque concernant le fait que si M.B. n’avait pas sauvé les carnets de F.K personne ne saurait qui était F.K. Le monde tournerait, il n’y aurait pas de manque avéré. On s’imaginerait qu’il n’y a pas de manque parce que sinon on ne verrait que ça, partout.

Que R.G ait pu être conseiller spécial de 2009 à 2012 de Mikheil Saakachvili, président néolibéral de la Géorgie état fasciste et qu’il soit désormais l’un des ténors d’une coalition de gauche qui ne semble pas très bien partie pour coaguler, me fait hausser les sourcils.

Que J.B ait pu être un youtubeur partageant ses prouesses en jeux vidéos dans un appartement miteux du 93 ne m’émeut pas, pas plus que ça n’éloigne l’impression de coquille vide.

Que ces deux là soient en tête de peloton me donne la chair de poule.

Le vide voilà bien le personnage principal d’une histoire politique qui s’étend pour ma part des années 60 à aujourd’hui. Le vide et l’odeur de la soupe. Et puis De Gaulle qui écrit comme Corneille, les époques mentales qui s’entremêlent. un sursaut dans le rêve vers 68, un long sommeil, des digestions qui deviennent de plus en plus difficiles après les 30 glorieuses.

Une chose à savoir c’est que les africains paient depuis très longtemps leurs factures de gaz avec leurs mobiles. Depuis plus longtemps que les estoniens. C’est qu’il fut certainement plus pratique de passer du téléphone arabe au portable, les coûts des infrastructures dont nous bénéficions nous, européens, leur étant exorbitants.

A ce propos, quand on pense à tout ce que les générations ont dû payer pour les routes les autoroutes, les transports particuliers comme communs ; il peut arriver de trouver obscène le coût des péages, comme le coût du gaz, de l’électricité.

au bout du compte le désintérêt pour la politique est inéluctable, il est voulu. Tellement dégoûté blasé écœuré que les bras nous en tombent. D’autres ne se gênent pas alors d’en profiter. N’importe quel autre. La mafia n’agît pas autrement dans les terres pauvres.

Passer à côté d’une nécessité, comme celle de vouloir devoir écrire quelque chose, c’est s’éparpiller comme je le fais aujourd’hui. Je vois bien la nécessité, elle croise les bras en me toisant, l’air un peu hautain, voire méprisant.

D’un autre côté lorsque on se soumet pieds et poings liés à la nécessité, ça n’apporte rien de bon non plus, j’ai testé.

Que deviennent les autres quand on tourne les talons qu’on ne les voit plus. Il y a forcément des existences parallèles que nous menons en creux, avec ou sans les autres.

Et si vous reveniez à l’émotion que vous éprouviez enfant à relire le même conte à écouter la même ritournelle, leur ai-je proposé comme exercice. Ils l’ont fait sans regimber. Il n’y avait pas de bruit, à peine le bruit des moteurs dehors, dans la rue, ils étaient si absorbés, comme si j’avais percé un tunnel dans un mur et que j’avais tapoté des épaules en lâchant go go go.

J’ai pensé qu’ils auraient pu se révolter, qu’ils allaient le faire, mais non.