Dans le fond, tu n’es pas différent de Madame Verlaine ; elle dit qu’il pue de la gueule, ce type-là, ce Rimbaud, en plus d’avoir des puces, et pour être poète, elle veut bien, mais c’est quand même louche. C’est affaire de congruence comme on le dit aujourd’hui. Être poète et puer de la gueule, il y a quelque chose qui ne va pas. Et toi, tu le penses aussi, bien sûr. Comment peut-on écrire des merveilles et en même temps être si sale ?
Ça ne t’aura jamais échappé, pas besoin d’attendre la vidéo qui t’inspire ce texte tout à coup. Déjà gamin, la saleté te paraissait le préambule obligé à toute merveille à venir. Il fut un temps, très lointain, où tu vénérais la saleté car elle possédait une fonction initiatique. Que s’est-il passé depuis ? Quand es-tu tombé dans l’obsession partagée d’apparaître propre ? De devenir une Madame Verlaine toi aussi ?
Eh bien, tu as traversé le temps, mon cher, tu as découvert la douche, le savon, le mariage et surtout, tu sais désormais que tu n’es pas Rimbaud, que tu ne l’as jamais été, tu ne le seras jamais.