Tout ce qui lui passe par la tête. Dans ce temps imparti, il écrit tout ce qu’il veut. Cela peut varier au cours de l’année. Deux heures, trois, parfois il peut tirer jusqu’à quatre. Il dit que c’est son habitude, que sans celle-ci il ne tient pas debout. Son épouse dit qu’il perd son temps. Au début il perdait du temps. Se demandant continuellement si ce qu’il écrivait était intéressant. Est-ce que ce que j’écris plaira aux gens. Est-ce que j’écris bien. Est-ce que ce que j’écris intéresse la moindre personne sur cette terre. Mais ça c’était avant. On pourrait chercher une date. Le Covid, 2019. Il se souvient qu’il faisait même très beau et chaud à cette période de l’année. Il a commencé à crée cette habitude à peu près à ce moment là. Ecrire en se fichant pas mal de savoir si cela intéressait qui que ce soit.

Il n’a pas fait d’études. Son père non plus n’en avait pas fait. Cela provoque toujours une sorte de frustration chez les gens qui n’ont pas fait d’études. Ils imaginent que s’ils en avaient fait leur vie aurait été différente.

Pas plus lourd à porter que le poids d’un savoir imaginaire.

Ce poids de frustrations que nous nous léguons, c’est peut-être parce que justement c’est un leg et que nous refusons de nous en défaire.

L’idée que tout un texte puisse se loger dans chacune des phrases qui le constitue ne le lâchait plus. Dans ses rêves il voyait se développer des fougères immenses. Cette image était associée à un cours de mathématique sur la notion de fractales.

Il faut s’enfoncer dans quelque chose comme fait la graine lorsqu’elle germe, se développe. Ce qui est étrange c’est que plus ses racines s’enfoncent dans le sol plus elle se développe également vers la lumière en surface. comme si l’esprit de la plante cherchait son propre équilibre, et quelle possède une sorte de libre arbitre dans la programmation génétique de l’espèce.

Le chant des oiseaux arrivant jusqu’à lui semblait appartenir à une autre dimension. Il lui semblait que ces chants avaient traversé des espaces inouïs pour parvenir à son esprit. Puis il se mit à décortiquer cette sensation. Le chant des oiseaux ne provenait sans doute de nulle par ailleurs que d’un recoin oublié de son esprit.

L’utilisation de l’imparfait indique bien à quel point ce texte est loin d’être parfait.

Le passé simple est un oxymore déguisé. Mais il convient de ne pas le dire tout haut, et de continuer à écrire il osa, il cria, il gueula pour indiquer une immédiateté logé dans le passé, dans l’imparfait.

Je rêve de pouvoir écrire au présent mais je sais à présent que celui-ci n’existe pas. Ce qui me rend inexistant par ricochet. Donc, il faut d’abord accepter une certaine dose d’inexistence pour écrire au présent. J’écrirais bien une Bible pour m’exercer.

Au début il n’y a rien, puis il n’y a toujours rien et enfin, à la fin, rien non plus. Sauf cette phrase.

Quelle victoire serait une véritable victoire aujourd’hui ? —QVSUVA Kevesuva. Que le vent se lève et vole la poussière —QLVSLEVLP Kelvenslevevolapousieur

C’est par le son comme leçon que j’apprends depuis toujours. Qu’est-ce qui fonde cette idée que seul le son dit la vérité. Parce qu’une note est ronde ou pas. Parce qu’une note peut être juste ou fausse. Parce que sans silence il n’y a pas de son. Parce que le son juste est le fruit d’un silence dans le fond. Parce que tout ce qui n’est pas calme me renvoie aussitôt à mon intranquillité de surface et ça m’agace.

Pour qui écris-tu sinon un meilleur toi-même qui saura lire entre les lignes