il fait froid. J’ai ajouté un pull. Pas question de remettre le chauffage. Stopper l’hémorragie, écoper, prévoyons repas froids. Salades de riz, de perles, de lentilles.

Hier (dimanche) sommes partis à Pont d’Isère chez les R. qui nous avaient invités. Promenade le long de l’Isère presque en crue qui a comme dévoré les berges. Sensation irréelle en voyant cette masse d’eau gigantesque filer à vive allure, avec ses tourbillons et remous. B. dit que si l’on tombe il ne faut pas se démener, faire la planche autant que possible, puis nager furieusement lorsque le courant nous rapproche de la berge. Il y a un peu partout de nombreux arbres jetés à bas par les derniers orages. Notamment un gigantesque Séquoia coupé net à mi hauteur. Peine à voir les arbres abattus le long du fleuve, comme cet énorme peuplier en travers de notre sentier. Je n’ai fait aucune photographie. Trop d’efforts déjà pour effectuer cette promenade.

Nous nous amusons à compter les minutes entre deux coups de canon. Un artifice sensé éloigner les corbeaux des cerises dont la plupart sont déjà mures. Ici il y a eut un camp de romanos me dit B. mâle (leurs deux prénoms commencent par un B) On aperçoit encore un pilier et les vestiges d’une boite à lettres. Le voisin d’à côté a placé des affichettes un peu partout sur les haies, les grilles, les portails. Propriété privée défense d’entrer. Il ne s’agit que d’un jardin, pas de maison car il n’a pas obtenu les autorisations nécessaires. Un peu plus loin des dizaines de cerisiers laissés à l’abandon. Cela coûterait plus cher de les cueillir que de ne pas, donc les fruits pourriront. Nous nous arrêtons quelques instants pour saisir les plus rouges, elles sont encore gorgées d’eau, pas beaucoup de goût, trop de pluies ces derniers temps.

Ce n’est pas si souvent que nous rencontrons les R. seuls. Habituellement, nous sommes accompagnés des enfants, et eux aussi. B. (lui) travaille encore alors que B. (elle) est complètement en retraite. Lui médecin, elle jadis infirmière. Les conversations ne sont pas conflictuelles, tout le monde évite les sujets pénibles. Pas de politique, pas grand chose sur l’actualité. Ils partent en Asie cet été rencontrer un membre de leur famille qui vit à Chang Mai. Nous prévoyons de nous retrouver en août à leur retour, cette fois avec les enfants. Ils avaient chauffé l’eau de la piscine mais nous avons décliné l’invitation à nous baigner malgré les 27 ° de la température de l’eau.

Tout ce que j’ai écrit ces derniers jours me semble dépourvu d’intérêt. Aussi je n’ai rien voulu ajouter sur le blog pot commun de l’atelier d’écriture. Je ne suis même pas allé voir la proposition quatre, qui est sensée clôturer cette nouvelle boucle. Peut-être que j »estime enfin qu’il est temps d’avoir un peu de pudeur, de ne pas ennuyer les gens avec mes monologues. Il m’est venu soudain en mémoire un commentaire qu’on m’avait fait concernant la description d’une trempe reçue. Du genre t’es encore là dedans, change de disque. Quelque chose comme ça. Et puis F. a tellement de monde désormais, des ateliers dans tous les sens, que peu d’importance qu’un s’en aille, disparaisse. Je lis parfois les textes sur le blog, et aussi tous les efforts de commentaires des participant(es) , toujours si bienveillants en apparence ce qui justement ne m’encourage guère d’en faire le moindre. De loin, on pourrait croire à une famille tiens. Evidemment que je n’y crois pas un seul instant. Enfin bref je ne peux me départir de mon éternel malaise vis à vis de tout ça, je continuerai à soutenir le projet, la fresque en restant simple abonné, mais m’éloignerai des publications collectives. Peut-être que finalement et contre toute attente le but est atteint. Je ne sais pas si je peux parler de confiance en moi, de certitude, d’assurance. Disons que le travail réalisé entre les divers blogs, la régularité installée pour écrire, peut-être que tout cela m’aide à mieux me projeter dans un chantier véritable. Et quand j’y songe, la seule motivation pourrait bien être d’atteindre enfin à l’unité de ton. Parler avec sa propre voix, ma propre langue, nettoyée, rincée de toutes les scories, je l’espère désormais.