Le prétexte du sujet, cette commodité de l’histoire, cette distraction, l’ensemble permet de dire à peu près tout et son contraire, dans un roman par exemple, et dans un stage de peinture aussi. Encore ce poème d’Aragon qui décidément me hante. Celui qui croyait au ciel /celui qui n’y croyait pas / tous deux adoraient la belle / prisonnière des soldats. Avec le recul l’ensemble est nécessaire. Autrement dit pour tous les goûts. Et rien à y redire puisque l’ensemble est peut-être la seule réalité vraie. C’est de l’être où il n’est pas question d’avoir. Il n’y a de bataille que dans la tête, car tout est à la fois fictif et véridique, le passage à l’acte vient de cette ignorance crasse qui pousse à espérer un dehors, un au-delà. Est-ce que lorsqu’on est mort on rit de tout cela ? , j’y pense souvent. Comme si être mort écartait soudain tous les doutes, comme si la seule vérité tangible, indéniable était la mort d’un être que ce soit soi ou un autre pas d’importance, la fosse commune devient l’aboutissement. Et le ridicule des épitaphes, l’obsession de distinction des mausolées, des chapelles et autres cénotaphes tout cela n’est que du vide destiné à s’opposer au plein encore et encore, en vain. Souvent j’en appelle à la mort ( sans rire ) c’est la seule espérance qui ne me semble pas vaine puisque le fait semble inéluctable. Mourir et enfin voir tout cet ensemble, mourir et espérer que tout rentre enfin dans l’ordre comme la poussière retourne à la poussière. Rien d’effrayant à y penser, rien de désopilant non plus. C’est affronter une capacité de soi capable ( ou non ) de considérer le mystère, à ne pas se laisser berner de trop par cette idée que représente le mystère, cette peur et ce désir qu’elle provoque instantanément. Mais ce n’est toujours qu’une idée destinée surtout à anticiper le fait.