il parait qu’au Japon dans le métro c’est un ballet on se frôle jusqu’à— presque—se toucher mais rare que l’incident arrive. On s’évite. Tout un art nippon de l’évitement. Ici en France, dans ce pays barbare on ne sait plus trop. S’il faut s’empoigner ou s’écarter les uns des autres. La proximité n’a plus vraiment de règle. Défaillante l’institution. C’est que nous sommes las, rincés, de tant de quiproquos. On cherche la bonne distance, avec mesure si possible. Nous en sommes toujours là. Partout les dictatures menacent, les mots d’ordre poussent comme cette année dans les bois les champignons. Une belle année à champignons mais pas une très bonne pour les libertés. On en a marre de la liberté, on ne sait pas quoi faire avec la liberté, elle nous emmerde la liberté. Nous ce qui nous importe c’est à quelle distance exacte au millimètre près on doit se situer par rapport à la caisse dans la boulangerie. Et si on doit dire bonjour avec plus ou moins d’empathie au premier employé que l’on croise dans le hall, dans le couloir.
il parait qu’aux Amériques les gens sont contents que Trump soit de retour sur Twitter. Sans doute pas tous, mais un grand nombre. Ils sont content car la devise the show must go on. Et puis faut-dire aussi que rien ne se dresse plus vraiment face à la sottise. En tous cas pas un vieil homme qui perd la boule comme Joe. Pauvre Joe. Il n’a pas été acteur, sans doute est-ce la difficulté. Les acteurs ont une meilleure mémoire que n’importe qui d’autre. Ici en France, dans ce pays barbare on ne sait plus trop, on a repris le même on l’use jusqu’à la corde, s’il sert à quelque chose c’est pour passer les nerfs probablement plus qu’à autre chose. Et puis on essaie d’être américain depuis tellement longtemps qu’on finira bien par y arriver. Preuve tous ces petits scandales avec lesquels on se fait la main. Peut-être qu’à la Noël sous le sapin, un bon gros et l’on criera hourra on est enfin américains
Il parait qu’en Chine pas une seule tête ne dépasse, sauf celle de Xi Jinping qui pourtant n’est pas un homme très grand. On se demande comment c’est possible qu’autant de monde se rapetisse à ce point pour qu’un petit ait l’air grand. Ici en France dans ce pays barbare nous avons aussi de petits hommes comme présidents. Depuis le grand Charles on dirait que nous en avons soupé des géants. Mais attention, maintenant nouveau sport on se hausse sur la pointe des pieds pour les rendre encore plus petits qu’ils ne sont. C’est une spécificité française je crois. Récente ? il faudrait examiner les faits.
Il parait qu’au Brésil il ne savent plus trop où ils en sont, une grande valse hésitation entre ceux qui veulent de l’ordre et les autres un peu d’humanité. Quelque chose de l’ordre du quantique est dans l’air là-bas. Comme pour les particules la vérité est aussi bien ici que là, elle traverse les murs des favelas comme les vitres des immeubles de Rio ou de Sao Paulo mais personne ne saurait vraiment s’en faire une idée nette. Ici en France, c’est différent, chaque français dit sa vérité et c’est la seule pour lui. Si par hasard il arrivait que l’on tombe d’accord ce serait vraiment la pire des catastrophes. Un peu de cette vieille peur gauloise ou celte que le ciel nous dégringole sur la tête.
Il parait que dans la vie il faut éviter de trop parler et surtout d’emmerder son prochain. Et c’est drôle car c’est aussi ce que l’on dit en France, dans ce pays barbare où on a l’impression que tout le monde y va de son truc à dire systématiquement. Sauf que peut-être c’est un art typiquement français. Qu’il n’y a que les français qui puissent gouter cet art, le savourer, s’en goberger. Autrefois oh ça se passait souvent après le marché dans les bistrots, c’était calé. Maintenant on ne sait plus trop, les bistrots il y en a nettement moins. A la place on a mis des banques, des boites d’assurances, des magasins de fringues en tous genres et surtout pour toutes les bourses. Ce qui fait qu’on évite de causer dans ces lieux là qui ne sont pas du tout fait pour ça. Du coup on cause tout seul au beau milieu de la rue, on cause dans sa tête à toute berzingue, et on s’emmerde à cent sous de l’heure souvent tout seul.