la planque

note autobiographique d’Alonso Quichano carnet 25 février 1999
..."La nécessité de ne pas avancer à visage découvert, de toujours éprouver le besoin de se cacher comme un voyou poursuivi par la police. Police dont les effectifs sont bien plus nombreux qu’on le pense. La police est dans chaque regard, elle est la norme, la morale, la cohérence, il s’agit de ne donner aucune indication de distance, celle que l’on aura prise pour se frayer un chemin comme en cavale. D’où la nécessité de la planque, un refuge, un lieu où l’on pourra reprendre son souffle. Mais d’une logistique assez lourde. Nécessitant des fonds. L’idiotie est beaucoup moins coûteuse à mettre en place. L’idiotie excellente planque. Mais il y en a d’autre, la gentillesse têtue, la bienveillance acharnée, l’érudition affichée, la grossièreté voire la vulgarité. Rare que dans ces lieux on viennent me surprendre, me déranger. Une planque ne peut suffire, il est plus intéressant qu’elles deviennent multiples. Tout un réseau de planques comme un maquis. Un roman pourrait-il permettre dans un premier temps d’établir un inventaire de ce réseau. De revisiter chacune de ses planques. les raisons pour lesquelles on les a trouvées, choisies, puis délaissées au profit d’une ou de plusieurs autres, et ce toujours au bord d’être épinglé ? Une cartographie du protagoniste en cavale. Qui nécessite par ricochet cet autre personnage, l’inspecteur, le commissaire, une traductrice en langue française, un auteur qui n’arrive jamais à recoller les morceaux et qui n’avance que par intuition sans jamais prendre le temps de les développer, un écrivain habile qui lui connaît le métier et qui suit peu à peu l’enquête en sachant trier l’utile et le superflu et qui au final damera le pion au voyou incompétent.... "
( petite note sur le personnage de la traductrice )
..."La traductrice serait espagnole, mais elle connaît le français, elle est parfaitement bilingue. Âgée entre 30 et 40 ans. Divorcée, sans enfant. Elle vient de trouver un travail à Barcelone. Il faudrait que l’action se situe au futur bien après les faits. Le matériel sur lequel elle s’appuie pour progresser dans l’elucidation de l’énigme, des carnets et des cassettes audio fournis par la tante du protagoniste principal. La question centrale qu’elle est elle ? voilà ce qui manque l’énoncé du problème.. Pourquoi ce type tue ces femmes, pourquoi se planque t’il, est-ce que chacun de ces meurtres ne lui sert pas d’élément déclencheur pour sortir d’une planque à la recherche d’une autre, et au bout du compte réduire la possibilité de se planquer quand toutes les planques auront été ainsi détruites, ou mises à jour ?
Post-scriptum
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Comme
Comme la mer qui cavale vers le mont Saint-Michel comme si elle allait lui faire sa fête, l'engloutir tout entier en deux coups les gros. L'air du temps me rattrape et je me mettrais bien à courir comme un dératé dans l'espoir de trouver une hauteur. En vain. C'est comme Waterloo morne plaine dans le coin. Encore pire depuis qu'il fait beau. Le soleil ne rend pas le monde plus beau il nous aveugle c'est tout. Pire je courre mais je fais du sur-place. La poisse comme le sable, la poisse comme les sables mouvants. Et la mer monte bon sang comme elle monte vite et je m'enfonce lentement. Comme un ange passe en tutu qui joue de la trompette mais mal. La fausse note m'excite me fait dresser les poils. Ta gueule l'ange je dis et ça m'extrait d'un coup des sables. Me v'la qui lévite. Comme par enchantement. L'ange se marre. Genre t'inquiète j'ai toujours raison, le con. Que t'aies la foi ou pas n'a aucune espèce d'importance. Comment on en est arrivé là ? Aucune idée j'ai juste dit comme au début et puis ensuite j'ai laissé filé pour arriver à la fin.|couper{180}
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technique mixte 70x70 cm
mai 2023 technique mixte 70x70 cm mai 2023|couper{180}
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La ramener
Il la ramenait sans arrêt. Pour un oui, un non. Sans qu’on ne lui demande quoi que ce soit. Pour passer le temps je l’imaginais aux toilettes pendant qu’il la ramenait. Son gros cul posé sur la lunette. Ou encore accroupi la tête rouge en train de pousser dans des turques. Il pouvait la ramener tant qu’il voulait. Je pouvais même le regarder dans le blanc des yeux sans ciller cependant . Il y avait même en chœur tout un raffut de sons foireux qui appuyait les images mentales. Quand il avait terminé, il disait — alors t’en pense quoi ? C’est un sale con n’est-ce pas, ou encore une belle salope tu trouve tu pas ? J’en pensais rien bien sûr, je le laissais avec sa question en suspens. Puis je me dépêchais de prétexter une course urgente avant que ça ne lui reprenne, qu’il la ramène encore sur un autre sujet. En gros toujours le même. Lui aux prises avec les dangers infinis du monde extérieur peuplé d’idiots, d’idiotes écervelées. Je me tirais au même moment où il commençait à entrouvrir la bouche de nouveau le laissant là planté comme un poisson en train d'étouffer C'était un miroir qui devait au moins faire sept mètre de long et qui faisait face au bar. Un jour qu'il la ramenait j'ai chopé un tabouret et je l'ai envoyé valdinguer dans le miroir. Il ne l'a plus ramené, c'était fini.|couper{180}