Le message est apparu ce matin : « Votre nom de domaine expirera dans 15 jours. » Je me suis dit que demain, ils écriraient 14, après demain 13, et ainsi de suite, jusqu’à la fin. Il fait calme dehors, calme et chaud. Un matin d’août, sans surprise. Pourtant, il y a quelque chose dans l’air, l’odeur d’une fin, peut-être.
Je suis resté assis devant l’écran, sans bouger. Cinq ans. C’est ce que ce blog m’a pris. J’ai pensé à tout ce que j’avais écrit, à tout ce qui n’existe plus maintenant. Rien ne peut s’écrire sans cette paix, cette paix que personne ne veut voir. Celle qui est là, tellement proche d’une idée de mort.
J’ai toujours cru écrire pour alléger les choses. Mais au fond, ça pèse comme un âne mort.
J’écris en profondeur, sans vraiment m’en rendre compte. J’écris comme on respire, mais ce qui devait être léger finit par peser plus lourd qu’on ne l’imagine. Rien n’est grave, sauf cette gravité obstinée, celle qui cherche à alourdir ce qui ne peut l’être. Autrefois, j’aurais trouvé ça ridicule. Maintenant, je préfère laisser faire. Ce qui compte, c’est d’accepter ce qui vient, sans essayer de comprendre.
Il n’y a pas d’ennemis. Juste des événements, des erreurs. On se trompe, on apprend, c’est tout. Et puis, on continue. Ça ne sert à rien de se battre. La seule chose qu’on peut faire, c’est s’approcher doucement, sans bruit, comme un judoka. Ou un amoureux. Ou un voleur.
Parfois, je me demande si le vide entre deux pensées n’est pas plus rempli qu’on le croit. Peut-être qu’on n’est pas obligé de le supporter. Peut-être qu’il suffit de le regarder, sans rien faire. C’est ce que je fais maintenant. Je regarde les jours passer, comme une lame qui coupe doucement à travers le temps.
Tout ce qui résiste finit par disparaître. Pas dans la douleur, mais dans une sorte de relâchement. C’est comme ça qu’on apprend. Pas à force de volonté, mais en laissant aller ce qu’on croyait nécessaire.
Je vais rester là aujourd’hui. Tranquille. La quinzième journée du compte à rebours.