Il y a des jours où tu n’es pas obligé de te sentir obligé. Obligé, zeppelin oblong, suppositoire filant silence dans le bleu nuit de la nuit. Autrefois, on disait : je suis votre obligé. S’obliger, les zobligations. Une élongation du muscle vol en terre, une luxation de l’envie, une plume, un dû vert dans l’engrenage de fer, se démet les pôles du Charlemagne éthique. Mais dès que tu y es, par habitude, Gère Trude, et ça vient. Quand tu dis ça vient, tu entends une petite voix qui dit j’arrive, et une foule de petits pas, lapons, qui piétinent sur eux-mêmes, et en sus ôtant leurs têtes in the rose bonbon d’une aorte éventrée par un chou à la crème.
Avec l’évêque et un peu de vol en T, on pou-rat sang-sort, comme le hareng, tir. À moins qu’il faille de la chance ou le V d’un vol d’oies sauvages. En attendant, il faut patienter. Pas sentez, santé, sans T. Sente bordée d’herbes sans bise sur le front ou le nez. D’arbres morts, mais beaux et blancs d’écorces, d’Italie ou des Sardes daignent s’adosser.
Ça tique chez les sadiques, statique, reste coi, ne bronche ni tousse. Mais hume, hume l’odeur de l’allumette qui craque avant de flanquer le feu aux poudres. Les uns se sont dit incendie, ça crame à Sacramento, San Pedro et ailleurs. Pins, ponts, poupons et poupées recroquevillés dans la chaleur de l’haleine du chat huant qui tricote un habit pour l’hiver à ses maîtres.
Syntaxe, la sainte taxe, lassante, au lasso attrapée et traînée dans la boue des labours, le sillon, le micro vinyle valent mieux qu’une, pas vrai ? Pavée de bonnes intentions, l’affaire.
Attention à la forme passive qui transforme en objet le sujet.
Restons actifs, bandés comme un arc, flèche dans la bonne direction, en l’air, ayons l’air lanlaire.
Sinon, dans la vie profane qui doucement se fane, s’assèche dans le cendrier vide, tout va très bien, madame la Marquise. Les riches engraissent, sont chinois. Les pauvres s’appauvrissent et sucent du réglisse avec la peau, car ils n’ont même plus de larmes pour pleurer, ni de lame pour l’éplucher. Et en pluche, il fait beau pour couronner le ronron. Le pape est au beau fixe, sceptre caché derrière le dos pour assommer le fidèle à la grand-messe des rats-mots.
Marche en forêt. Odeur d’humus, de décomposition. Non, ce n’est pas ça. Marche en forêt, nez bouché. Ne pas sentir les clichés. Un petit sentier de chevreuil, avant qu’un imbécile, doté de l’instinct de propriété, installe un grillage à larges mailles. Râpé pour le cerf, la biche, le sanglier, condamnés à voir leur territoire sérieusement raccourci.
Une détestation de la bêtise n’y changera pas grand-chose. Trépigner non plus. Une plume d’oie sera inefficace, voire anachronique. Des cisailles feront mieux l’affaire.
Une sainte colère. Comment ça se fait qu’une colère devienne sainte, canonisée par l’ineptie ? Le pape se palpe le popotin, se gratte l’occiput, puis se projette sur son balcon, ouvre en grand les bras et vole à Charles sa devise :
"Je vous ai compris."
Se sentir compris n’est pas toujours si agréable, un petit relent de caca flotte avec.
"On ira tous au paradis", chanta un jour un homme nu avec de grosses lunettes de soleil. Qu’est-ce qu’on va se faire chier en sous-texte.
Le paradis des uns pave et pavoise l’enfer des autres.
Comme si on était assez cons pour voyager par plaisir, disait un autre, sec comme un coup de trique salutaire.
Sinon je reste coi, stoïque, à voir défiler en gras toutes les propositions alléchantes qui s’empilent dans la réception de la boîte mail. Le gras, c’est la vie, dit une de mes élèves.
Il y a des lustres, trente-six chandelles chacun, des fastes plus rarement, mais ce serait mentir de dire qu’il n’y en eut pas.
Sur les chemins de campagne, récolter des gratte-cul, les dépiauter soigneusement, les glisser en douce dans les cols de chemise, et voir ensuite de jolies danses de Saint-Guy dans la cour d’école.
Sur le marbre, une grenouille décédée. Une leçon bien apprise : titiller électriquement un nerf peut remettre une machinerie en branle. L’artifice du vivant chez les batraciens n’a rien à envier à celui des bons Aryens.
La notion de temps dans la tension peut être utile, surtout en cas de débandade. Adapter la tension à la durée allouée. Ne pas poser de durée mène-t-il à la débandade à tous les coups ?
Parfois, un agacement devant un il faut me ferait ruer dans les brancards, si toutefois j’étais blessé.
"Il faut", balancier d’une vieille pendule qui stoppe, la tête d’un épi de blé vole en éclats de grain, une volée de moineaux s’égaie.
Il faut. Pourquoi le faut-il ? Que se passe-t-il si l’on faillit ?
Il fallut se prendre pour quoi, pour qui, pour asséner des il faut intempestifs à tout coin de rue dans la ville déjà assommée par la stupeur.
Une atmosphère constituée essentiellement d’une sensation de fraîcheur, avec le faible brouhaha des clameurs matinales en frontière. Cette fragilité de la sensation qui ne dure pas. Savoir profiter, sans abus, de ce qui ne dure pas.
Sans abus désigne un équilibre à découvrir, constitué de bric et de broc, et souvent précaire. L’habitude de la précarité produit une science : celle de créer l’équilibre par le déséquilibre. Pendant ce temps, les Shadoks pompaient — mais on ne dit pas qui.
Créer quelque chose — on se rend rarement compte de ce que c’est. Partir de rien, arriver à peu de chose. Même cela est une énigme.
Posséder plus d’une corde à son arc et c’est une lyre. Posséder plusieurs lyres ensuite, c’est du délire.
Se rédimer, se reflanquer une dîme par-dessus le marché.
Il y a des jours où ça commence, et on ne sait pas du tout comment ça va finir.
Tout ne tient qu’à un fil, ou à un boson de Higgs. C’est à peu près tout ce qu’auront produit la philosophie et la science réunies. Une sorte de théorie des cordes, soi-disant, pour masquer une sacrée carence en matière grise.
Le temps n’est pas un phénomène dans le temps, comme la carte n’est pas le territoire.