Et bien comme je ne dors pas, j’écris un peu. J’ai effacé le texte prévu pour cette journée du 24/07. Trop théâtral. Je n’ai pas pu non plus me résoudre à compiler les textes du cycle anthologie comme proposé. Je n’accorde pas tant d’importance à ce que j’ai écrit durant ce cycle. Juste envie de participer sans véritablement participer. Sans doute parce que je pense que ça n’en vaut pas la peine, tout semble si décousu, scolaire. Mauvais élève. C’est-à-dire bien trop obéissant.

Je ne tiens guère à l’idée de reconnaissance, je cherche plutôt par tous moyens à finir de m’en débarrasser. À rejoindre l’anonymat comme on rêve d’un refuge. Pour la proposition 31, pas mieux. Quelque chose remue, se braque. Et en ce moment, impression d’assister à un spectacle, refus d’y jouer un rôle. Bref, pas la grande forme. Au sens où la grande forme serait d’être invariablement au top. Cette bêtise. En revanche, j’aime assez conserver toujours cette sensation sibylline d’être à côté de la plaque, de tourner autour du pot.

Blessé étonnamment par je ne sais quelle phrase entendue à propos des gens qui ne savent pas écrire autrement qu’en disant « je », des écrivains « fallots ». Et bien sûr, je me suis senti appartenir à cette catégorie d’intouchables. De toute façon, tu le sais maintenant, il y a quelque chose d’insupportable dans toute opinion, tout jugement. Dans ce que ça révèle comme remous intérieur surtout. Une forme de maladresse inconsciente. Sitôt que je la détecte, j’en prends bonne note, mais je tourne les talons presque aussitôt, et même détale. À perdre haleine. C’est un progrès. Autrefois, j’aurais émis des doutes sur les frontières entre conscient et inconscient… j’aurais voulu ménager chèvre et chou. J’aurais tenté d’arrondir des angles.

En même temps, les gens sont les gens, on ne les changera pas. On dit qu’il faut faire avec, c’est comme ça. On peut aussi ne rien vouloir faire avec. Ne pas se sentir obligé. Se détacher avec calme, voire même sérénité et pénétrer encore plus profondément la béance, le vide, l’apnée. La lecture. Au fur et à mesure de la descente, la solitude n’est plus vraiment une difficulté et c’est en y faisant face que l’on sait qu’elle n’en fut jamais une.

C’est une bonne chose de ne pas disposer de l’entièreté de la mémoire de toutes nos expériences, la vie au contact d’autrui serait intolérable. L’oubli procure une sorte de naïveté qui joue le rôle d’un bouclier. Un oubli volontaire, comme certaines fleurs se referment au moindre contact extérieur.