
Je peux le dire sans fausse modestie : mon inexpérience d’aujourd’hui est le résultat de toute mon expérience passée.
Que veut dire ’avoir le sens de la formule’ ? Que veut dire ’avoir le sens’ ? Que veut dire ’formule’ ? Que veut dire ’que veut dire’ ? Rien qui ne retienne mon attention plus de quelques minutes ce matin.
Admettons que j’écrive une seule phrase par jour, qu’au bout de trois cent soixante-cinq jours j’en efface les trois quarts, et qu’enfin le peu qui reste atterrisse dans un tiroir : serais-je pour autant plus réaliste ? Pourquoi tant de questions ? La journée commence donc ainsi, avec l’acuité d’une inexpérience née de l’expérience d’hier, et l’ignorance encore neuve du lendemain.
Le froid mordant m’a pris la main, s’est insinué jusque dans mes os, en traversant la cour pour me rendre à l’atelier. Le froid m’a rendu. Donc voilà : me voici vomi, vomissure du froid. Atèle-toi donc encore à ça. Je crois que ma main ne m’appartient plus. Il faut absolument que je dépose cette main courante. Elle pend, inerte, et je la regarde comme on regarde un merle sans vie qu’on n’a pas le courage de jeter.
Aux ordures.
Aujourd’hui est, selon EDF, un jour rouge. Ils envoient un mail pour te prévenir. En voudrais-je du rouge que je l’aurais. En vous, d’rage, du roux. Du sucre et du miel. Je n’sais plus. En. Vous. E. Rouge sang. Rouge EDF. Rouge et bon baiser de Russie.
J’anonne Jeanneton, sans faux cil ni Marthe Oh.
vous voici arrivés à ORLÉANS deux minutes d’arrêt.
Je tente de remonter l’Amazone pour trouver sa source, mais je n’ai en main qu’un **LUBRIQUE CUBE**.
Vous jouez au LEGO, mon salaud, vous et tous vos actes illégaux.
J’erre, monte, descend, en pire rogue, l’amas zone. Du côté de j’erre honte, de guerre lasse ça descend, monte, bifurque. Parce qu’en plus, à moins que vous l’ignoriez, tout cela devrait avoir un SENS. Sauf qu’on ne peut pas être et avoir été. De plus c’est l’hiver.
Quand la bise fut venue nue qu’elle eut été déposée sur des lèvres gercées.
L’ascenseur, sir, vous voici prié d’y monter. Un groom, gras, un loukoum Oum Kel SOUM qu’il assume. Avec un étrange chapeau en forme de pot de yaourt, le regard oblique, me fait le signe que l’on adresse aux obligés. Vous voici obligé, mon cher. Ils se sont donc ligués, ce ne sera pas possible autrement, Dotremont. L’ascenseur grince. Chaque étage : un bruit sourd, quelque chose se décroche lentement derrière les parois. BADABOUM.
Je peux le dire sans détour : mon inexpérience d’aujourd’hui est l’aboutissement de toute mon expérience passée. Mais pourquoi mettre ’d’’ ?
D’accord : aujourd’hui est l’aboutissement de mon expérience d’hier.
Au jour d’hui. Au jour. Au. A. U.
Hue !
Quelque chose. Un clapotis. (Prononcé Capoti pour Truman). L’homme trou. La bocca de la verita.
Je vais mourir. Mais quand ? Méchant.
Je vis mourir tant de mécréants qui s’écriaient des choses affreuses à propos d’eux-mêmes. Ce qu’ils croyaient être eux-mêmes. Ils se tordaient comme des marionnettes désarticulées. Des vers de terre, des vers jetés par des Russes dans une large cheminée. MAïakovski. Je crois que c’est l’un d’eux qui m’a crié : "Tu viens avec moi ?" Je n’ai pas répondu.
J’ai à dorer, humer, l’odeur de la fumée du calumet.
Mon inexpérience d’aujourd’hui est l’aboutissement naturel de toute l’expérience d’hier. Le mot "naturel" donne l’idée d’une évolution logique, et "toute" amplifie la richesse et la complétude des expériences passées.
Je ne suis pas fou. Mais patrac, parfois Patrick. Non, non, pas de trique, je vous en prie. J’aurais volontiers contre un violon troqué ma trique. Les sans gland long des eunuques, les grelots des grêles, le goût de la grenade éclatée. La grenade m’explose en bouche. Mille balles de ping-pong m’empêchent de parler. Mille et une nuits chères à rasades. Les grains se collent à mon palais. J’avale, moi aussi j’avale. Je le vois désormais quand je sors de la vallée : j’ai beaucoup et souvent avalé.
Des cools œuvres.
Mais voilà : mon inexpérience d’aujourd’hui découle de l’expérience d’hier. Plus directe, plus incisive. Cette version simplifie encore davantage le message tout en conservant son essence.
Admettons que j’écrive une seule phrase par jour, pas pas jour, maman nuit. Et que dans trois cent soixante-cinq jours, j’en efface les trois quarts. Il est minuit moins le quart. Puis qu’enfin le pneu qui reste termine sa course dans un tiroir : serais-je plus réaliste pour autant ?
En Isère, misère si tu n’as pas les bons pneus, dit la sécurité routière.
Je retirerais bien ma peau si j’étais certain qu’elle n’en recouvre pas une autre, et ainsi de suite. Et à la fin encore une autre, encore. En corps ça germe. Mais j’ai peur de ce que je trouverais en corps : un carnet, un de ces vieux carnets brûlés. De la cendre, le fameux goût ou dégoût des cendres.
Un mercredi.
Avoir le sens de la formule, c’est être capable de formuler une idée de manière concise, percutante et mémorable. Cela revient à trouver la phrase juste, souvent empreinte de finesse, d’humour ou de profondeur, qui marquera les esprits.
Ça revient. C’est sûr. Ça revient.
ça s’en va et ça revient.
L’HISTOIRE est très loin d’être linéaire, elle donne des claques, elle est six cliques.
Empreintes relevées, on ne découvrit aucune finesse chez Eliott Ness.
Mais les abonnements grimpent à la salle de fitness.
"Ce matin", l’idée d’apprendre ou de comprendre le "sens de la formule" semble poser une question rhétorique : est-ce un besoin réel ou simplement une pensée passagère ? Cela reflète peut-être une hésitation entre l’envie de maîtriser cet art pour briller, et une certaine indifférence ou lassitude face à cette notion.
Que veut dire avoir le sens de la formule ? Rien qui n’attire mon intérêt ce matin.
Tu aimerais bien dire ça suffit comme ça me suffit les villas au bord des plages, la tête de chien qui remue sur le haillon arrière, villa mon cul ou pan ! chaud vilain !
mais tu dis rien.
T’es mort, la mâchoire broie du silence de mort. Tu avales du rien. Le mors aux dents n’est plus là. Le vieux cuir bouilli a fondu dans la neige blanche tout autour de ton corps qui n’émet plus aucun son au fond des bois.