
réveillé par le gout salé des larmes dans un rêve. Vers 3h, suis descendu en tâtonnant du premier étage de cette maison inconnue vers le rez de chaussée.
Puis le coeur m’a fait mal d’observer que le paquet de dosettes de café avait été déposé en évidence près de la cafetière et trois sachets de sucre dans un ravier attenant. Il fallait que je pointe cela.
Les petites attentions découleraient d’une logique pratique, d’un ordre, d’une organisation typiquement féminine. Ce dont la submersion dans le désordre, l’ébullition permanente dans la pensée, cette sorte d’agitation que l’on prend pour une pensée, me rend totalement incapable car inconscient.
Il serait intéressant de pouvoir en pleurer après que les yeux se soient tout à coup embués, que toute l’émotion presse de la laisser sortir et que l’on en restât là, bras ballants, à voir un peu flou le liquide sombre s’écouler dans son receptacle pâle.
Ainsi comme une fulgurance, un éclair, la foudre d’une prise de conscience soudaine de ce que peut valoir l’ordre comme source de beauté bonté calme luxe et volupté nous abat comme un vieux chêne.
Si l’on pouvait quand même se résoudre à en pleurer, que les larmes enfin coulent, on le sent au fond des nerfs, bien des incendies s’éteindraient avant d’enrager de n’être point saisis pour ce qu’ils sont, un manque d’attention, une soif immense, un appétit insatiable, et que cette folie dans quoi ils s’élancent, cette ivresse par destruction due à un forme de dédain du dédain. Folie de ce dédain rejeton d’orgueil et d’ignorance, Hercule ainsi devient fou et tue toute sa famille avant de s’en remettre au nombre 12.
Pas de fumée sans feu. La solution est de cesser toute lutte toute opposition, regarder l’instant le plus bravement que l’on peut, prêt d’en mourrir s’il le faut. Comme si l’on pouvait mourir une fois pour toutes.
Laisser sourdre l’eau du corps une eau de vie distillée par l’émoi de façon honnête et brave du fin fond de notre sensation béate d’impuissance.
Une béatitude coule comme une eau douce dans l’eau salée, extraite de notre impuissance acceptée.
Et qu’est-qu’écrire si ce n’est cette béatitude que l’on recherche dans l’eau noire, on sait bien qu’elle est là quelque part quand les incendies ont fait table rase, elle coule, on ne peut la retenir, et qu’importe la littérature, écrire comme pleurer libère.