la part de soi qu’on livre, jour après jour pour gagner sa vie c’est la plus grande en nombre d’heures, d’années. Toujours pensé que c’était injuste surtout quand n’a pas de plan de carrière, qu’on ne brigue aucun sommet, juste pouvoir vivre correctement. Ensuite il y a la part pour soi qui est d’autant plus productive si je m’en souviens comme d’une tentative d’équilibre. Entre ces deux versants, le sas permettant ce retour vers soi, François Bon parle d’un effondrement en soi, quelques minutes nécessaires pour décompresser, puis on vaquera à autre chose, les diveses contingences d’une vie familiale par exemple. De ces quelques minutes passées dans ce relachement d’une tension sociale avant d’en aborder d’autres. Et je demandai tout à coup : en est-on conscient ? A bien y penser avec le recul c’etait pénétrer dans ce sas comme dans une dimension étrange, à mi chemin du sommeil et des rêves. Peut-être que le terme hypnagogique pourrait convenir, en tous cas c’est celui qui se présente pour désigner cette vision légèrement modifiée du réel de tous les jours. On prète soudain une attention à des rythmiques, mouvements des corps, toussements, remuements de bras, de mains, jeux de couleurs de l’environnement, qu’on tente d’associer aux autres sens comme l’ouïe, l’odorat, le toucher. On est là à marcher dans une rue mais on est aussi un peu partout en même temps, dans une transe. Et si on prend les transports en commun, le fait de rester assis ou debout immobile augmente encore l’effet de ce nulle part et partout. Quelque chose effectivement s’effondre. Peut-être un rôle social auquel on pensait l’instant précédent être si solidaire, si soudé. On ne sait plus vraiment qui l’on est et certainement que c’est cette ignorance dans laquelle on plonge qui nous repose le temps de parvenir aux autres rounds de la journée.
en piéce jointe la video d’aujourdhui des carnets de F.B, qui tombe toujours étrangement à pic.