Petite incartade vers ce blog comme vers un monde ancien, en parallèle de deux autres projets ( 1) . Dans quel but ? Essentiellement historique, creuser à nouveau des zones insuffisamment inexplorées. Je sais désormais mon inaptitude à créer une communauté comme à participer à la moindre. L’autre n’est pas clair, quel que soit le masque dont il s’affuble. Tout comme je ne suis pas clair évidemment. Il ne s’agit que d’un jeu de miroir du néant avec lui même. Mais le désespoir que charrie cette évidence est comme un long tunnel s’ouvrant sur une lueur malgré tout. Si rien sait désormais que rien n’existe, s’il en prend conscience d’une façon suraiguë, alors un espace se crée d’une manière mathématique. Cet espace est mystérieux, il ne ressemble à nul autre, et bien sûr on sera tenté de l’installer dans l’imaginaire pour préserver l’espace général du rien. On dirait que plus le rien prend conscience de lui-même plus il s’arme, devient belliqueux. Mais qu’est-ce que l’imagination ? qui peut en donner une définition qui ne se modifie pas avec l’époque, les circonstances, le climat, la nourriture qu’on absorbe, la limpidité de l’eau qu’on boit, l’âge de nos artères, la dose de dégoût qu’inspire l’agitation vaine ? Creuser cet te imagination est probablement la seule et unique chose que j’ai eu envie de faire. que j’ai encore et encore envie de faire ; Dans une certaine mesure je suis un archéologue, complètement autodidacte à la manière de Freud qui s’arrache la mâchoire (2) à force de ronger son frein face à l’inconscient, ou bien encore Howard Phillips Lovecraft qui sous-alimenté pour cause d’écriture et d’effroi face au néant de son époque mourra d’un cancer de l’intestin. Il y a toujours un prix à payer pour s’enfoncer dans les zones d’ombres de notre psyché, et les trésors, les reliques qu’on y découvre ne sont pas amicales, je crois plutôt qu’elles nous ignorent comme nous ignorons tout des insectes, des bactéries, des microbes, au milieu desquels nous vivons en nous gargarisant d’une identité toujours misérable et factice. Il y a donc un certain dégoût qui naît en simultané à la sensation étrange de libération. Une gangue de boue tombe, on aperçoit la nature d’airain qu’elle recouvre. Cependant qu’aussitôt la question flotte au dessus de la sensation d’impuissance dans laquelle elle nous plonge : d’où vient cet alliage, ce métal, cet élément que l’on cherche tant à dissimuler et à soi-même en tout premier lieu. Quel misérable trésor de failles, de gouffres, de labyrinthes cherchons nous à préserver au regard de l’autre afin de lui apparaître dans la lueur blafarde du mensonge ? Si l’archéologie contient une qualité c’est certainement cette noblesse permettant d’entrevoir la vanité des découvertes. C’est vain mais on s’y rend tout de même, n’est-ce pas une définition amusante ( dans le sens où elle érode véritablement cette prétendue pureté des âmes ) de l’archéologie mais également de la plupart des passions humaines.

(1) voir le blog https://ledibbouk.net/

(2) article informatif , 34 interventions chirurgicales, un cancer qui dure plus de 16 ans

illustration Artaud 1937 Apocalypse - Letters from Ireland by Antonin Artaud