Je l’avais lu tôt, l’intranquillité de Pessoa résonnait tellement bien avec la mienne. Trop tôt peut-être, j’aurais pu encore jouir un peu de la jeunesse si je l’avais lu vers la quarantaine. Mais cette phrase
"vivre cela n’est rien, naviguer est précieux" ou encore celle-ci, "je ne suis rien mais en moi il y a tous les rêves du monde..."
Elle auront achevé une grande partie de mes doutes sur le fait de vouloir être quelqu’un et certainement avant même que je commence à en prendre conscience.
Pas étonnant de voir que Lautréamont évoque également cette nécessité d’anéantissement de l’auteur.
Pessoa comme Lautréamont comme on pourrait dire étoile comme fleur.
L’utilisation d’un comme nécessite une disparition, d’abattre certaines cloisons.
Il ne s’agit plus de métaphore au sens où on utilise la métaphore par défaut ou par facilité.
Tout au contraire. On use du comme comme d’une gomme.
Maintenant concernant la conscience que l’on peut continuer à entretenir durant la mort comme de son vivant, il s’agit probablement de la même chose, c’est à dire se résoudre à passer par le goulot étroit de cet anéantissement. De mettre fin à une fiction. Cette fiction qui, pour exister, aurait besoin d’une réalité.
Une absence parce que les mots viennent mieux ainsi, ils ne sont plus freinés.
Les mots sont comme des bolides qui traversent l’espace intérieur, et partant rendent compte de l’existence d’un tel espace. Qu’on puisse les projeter ensuite vers l’extérieur nécessite l’invention d’un extérieur également.
On pourrait dire alors l’intérieur comme l’extérieur.
J’ai souvent pensé non pas à la mort mais à qui j’étais avant de venir au monde. Avant de naitre et après-vivre, n’est-ce pas tout comme, abstraction faite de toutes les péripéties.
très métaphysique ce mardi.