en me promenant je tombe sur cet empilement de palettes et de caisses.
Il y a de nombreux faits horribles qui se déroulent à chaque instant de la journée dans notre monde et je m’interroge régulièrement sur les raisons des media d’en privilégier un parmi tous. Quelle raison véritable les pousse à mettre en avant cet abjection ci plus que celle là. Peut-être se sont-ils rendus compte d’une certaine injustice car désormais il est rare qu’une horreur n’en cache pas au moins une ou deux autres à la suite chaque soir . Jouer sur la diversité du même pour inciter le public à s’enfoncer chaque jour un peu plus dans le divertissement jusqu’à le confondre avec la banalité. Comment peut-on on réagir à cela ? En ne regardant plus du tout la télévision ? En prenant le recul nécessaire pour porter l’attention sur le vocabulaire employé ? Notamment ce déferlement d’adjectifs ou d’adverbes. Examiner les mimiques des présentateurs qui ont le pouvoir de se métamorphoser d’un événement spectaculaire à l’autre et même envers les bénins. A vrai dire on aurait maintes occasions de changer de point de vue désormais sur la façon dont on nous présente l’actualité, on pourrait même sans être trop cynique, trouver moyen de se divertir ainsi. Par exemple le lundi je ne relève que les adjectifs, le mardi seulement les mines de componction, le mercredi j’admire le numéro de voltige d’une transition l’autre, entre un incendie dévastateur en Californie, une inondation en Lozère, le crash d’un avion de tourisme en Uruguay, les dégâts de la grêle sur le cépage bordelais, les chiens ou les chats qu’on abandonne lâchement sur le seuil des vacances, la chute des banques régionales américaines. Le jeudi, je pourrais faire relâche, ne pas ouvrir la télé par exemple ni la radio, me refaire à neuf un paysage mental du monde, pour pouvoir encore mieux profiter de l’immersion dans l’effroi du vendredi du samedi du dimanche. Regarder ce qui défile d’un œil tout en bouchant l’autre avec la main ou tout ce qui peut me tomber à ce moment là sous la main. Me lever du canapé et me tenir sur une jambe le plus longtemps possible jusqu’à ce que les mauvaises nouvelles s’évanouissent dans les spots publicitaires, dans les feuilletons débiles. Faire des pompes. Avaler sans respirer un pot entier un pot de fromage blanc sans sucre ni confiture. Il n’y a que l’embarras du choix qui pourrait faire obstacle à ce fameux changement de point de vue si on réfléchit un peu.
Je pourrais tout aussi bien me dire qu’à mon âge mon temps est probablement plus que compté, jeter la télévision à la benne, placer du Mozart sur la micro chaîne, compter les moutons, téléphoner à un ami, si j’avais un ami.
est-il possible d’éprouver une émotion en decouvrant la beauté d’une pièce de métal , sans doute.