janvier 2025
Carnets | janvier 2025
04 janvier 2025
sur un chant Touva des mots en couleur inspirés relâchés inspirés relâchés Huun Huur Tu - Prayer ⧸ Foreign Land|couper{180}
Carnets | janvier 2025
3 janvier 2025
L’histoire est cyclique, tout comme les propositions d’écriture de F. Je revisite le cycle été 2023 surmon ancien blog, et relis les textes que j’avais écrits à l’époque. C’était une tentative de participer aux premières interrogations : Y a-t-il eu, pour chacune·chacun de nous, une scène originelle de l’écriture ? Et pouvons-nous en faire récit dans un hors-soi, comme avec le prologue on séparait l'écriture du livre, et comme Annie Dillard sépare sa vie d’écriture de toute autre considération autobiographique ? Cette friction autour du terme autobiographie, je ne sais pas si je la ressens encore aujourd’hui avec la même intensité. À l’époque, elle se manifestait comme un réflexe, une tentative de combler un manque, ou peut-être une forme de paresse ? Il y avait une honte immédiate, brûlante, que je n’arrivais ni à dissimuler, ni à atténuer. J’essayais de m’en extraire avec de pauvres moyens, en usant d’exagération et de provocation, mais tout cela formait encore l’ossature maladroite de mon écriture. J’y ai passé encore une nuit entière. Je ne sais pas si j’ai obtenu un résultat. Seulement des pistes de travail, encore et encore. Ces carnets ont ceci d’intéressant : ils montrent comment je m’égare parfois dans d’innombrables impasses en travaillant un seul texte. Mais cette fois, j’ai cherché un autre angle d’attaque. Pour ne pas me laisser envahir par le découragement, j’ai creusé dans mes concepts, mes tensions, et je les ai organisés en fiches interconnectées, à la manière du Zettelkasten. Cette notion d’angle ou de positionnement, je crois que je commence à la comprendre grâce à Queneau – et à ChatGPT. Encore que Queneau ressurgisse de façon anachronique, après ChatGPT. En demandant à l’AI de réécrire le même texte avec différentes voix – Carver, Bukowski, Ginsberg – j’ai immédiatement pensé à Exercices de style, que j’avais lu adolescent. À l’époque, ce livre m’avait amusé : la même scène d’un autobus répétée à l’infini, déclinée selon divers styles et conjugaisons. J’avais pris cela comme un passe-temps, du divertissement. L’écriture, pensais-je alors, était bien plus sérieuse ! L’écriture, c’était Proust, Gide, Sartre – des noms que je croyais gravés dans le marbre, souvent ennuyeux, mais que je respectais sans me demander pourquoi. Deux ans plus tard, la roue a tourné, et je me retrouve à nouveau dans le même cycle d’atelier d’écriture. Est-ce que j’ai progressé ? Je ne sais pas vraiment ce que cela veut dire. Mais je reconnais désormais ces cycles : les retours aux mêmes questions, les nouveaux points de vue sur les mêmes textes. Je sais aussi faire des fiches, recueillir des concepts et des tensions comme on récolte des patates dans un champ. Et peu à peu, je cède au protocole : je m’intéresse aux tambours, aux hochets, aux costumes bariolés, aux cercles – ceux des tambourins, des tipis, des yourtes. Comme si je m’apprêtais à faire le nécessaire, à préparer mes valises pour partir. À partir, enfin, dans l’écriture.|couper{180}
Carnets | janvier 2025
02 janvier 2025
Peinture : Gérard Garouste Achevé de lire hier le code Houellebecq de Thierry Crouzet et comme j'avais aussi lu Voyager dans l'invisible de Charles Stépanoff , il m'a semblé intéressant de noter la connexion établie par ces deux événements dans un article dans la rubrique Lectures. Vraiment sans prétention aucune. Ou peut-être si finalement. La prétention de dire j'ai lu ton votre livre et j'en tire d'après ma petite expérience telle conclusion puis je l'ai envoyé à T.C. Je ne sais pas s'il connaît le travail de cet anthropologue. Certainement que si. Thierry Crouzet connaît beaucoup de choses, pas que l'informatique et le vélo. En tous cas j'ai passé un moment à lire ce bouquin, sans me lasser ce qui est rare désormais. Puis passé un bon moment à chercher un modèle d'intelligence artificielle que je pourrais installer sur mon vieux coucou. J'ai piqué un peu de RAM sur le disque dur pour me créer un espace SWAP car le minimum pour GPT-J est 16 Giga de mémoire vive. Pour le moment ça charge encore au moment où j'écris ces lignes à la vitesse de 11 Mb/s. Est ce que j'écris pour autre chose qu'écrire. C'est toujours la question qui revient. Assisté au bilan de F.B et me suis trouvé largué. Je prends l'excuse de l'âge à chaque fois mais je pourrais tout autant prendre la paresse, le manque d'estime de moi en tant qu'être humain, le vide encombrant qui m'habite, etc etc. Deux filles du bureau sont venues avant hier pour me dire que la continuité des cours était compromise car l'association n'a plus de budget. Les subventions se font de plus en plus rares et chiches. Ce qui m'oblige à me réintéresser à mon dossier de retraite qui traine depuis des mois. Mais enfin, viens de finir de solder mes dettes avec la CIPAV, 1500 euros en deux mois. Ce qui fait qu'ils m'ont bien mis sur la paille. Et il y aura sans doute encore la même somme à payer fin janvier pour l'URSSAF. Je n'en peux plus. Impression d'être un tapin que toute l'administration enfile à la queue leu leu, et c'est en plus moi qui paie. Il ne me reste que — j'allais dire. Il me reste heureusement la littérature et la peinture. Encore que j'ai déserté l'atelier ces derniers jours. Trop froid et bien trop coûteux à chauffer. Les notes d'électricité aussi sont une forme de sanction, comme le prix des péages, des caddies, du moindre bouquin sur lequel je lorgne et que peux pas m'acheter. 2025 commence aussi pauvrement finalement que 2024. Juste un peu plus fatigué, désabusé. Il faut dire que j'ai réduis considérablement la voilure concernant mon implication tant urbaine que sociétale. Je ne vois plus grand monde. A part mes élèves. Je ne raconte pas ma vie à mes élèves. Enfin, si peu. le fil conducteur est la solitude et l'écart qu'elle produit de plus en plus au fur et à mesure des années. Il me parait impossible de penser pouvoir revenir en arrière, retrouver une vie sociale. Ce n'est pas que je n'aime pas les gens, je ne crois pas les détester à ce point. Non je m'ennuie la plupart du temps à les écouter. ils ne prennent pas de risques, suivent une routine bien huilée en serrant les fesses de trouille, pour un peu j'aurais parfois envie d'essayer de me flanquer un grain de chenevis dans le dérrière pour savoir si je suis capable moi aussi de faire mon petit litre d'huile. Il fait grand froid. Je n'ai encore pas dormi de la nuit tant j'ai bidouillé pour trouver une nouvelle organisation à ce site. A la fin du compte j'ai effacé tout le site local, c'est l'organisation en amont qu'il faut repenser de A à Z. le mot rubrique est un faux ami. J'ai pensé à Thématique plutôt. Problème c'est qu'il va falloir convertir les groupes de mots clés en quelque chose qui a une tête de rubrique. Encore tenté par les URL propres puis je me suis dit non, j'avais déjà trop galéré comme ça, j'ai décidé de tout effacer. Par contre j'ai écrit un script python qui me crée un site spip en quelques secondes. Pas peu fièr. J'ai tout loisir désormais d'effacer à gogo. Aujourd'hui je n'ai vu personne. Je ne suis pas sorti, je n'ai rien dépensé. La chatte est synchro elle s'est refugiée dans la remise sous un tas de cartons, je l'ai prise dans les bras pour l'emmener dans la maison mais elle n'avait pas envie de voir du monde non plus. Pas même moi. Elle n'était pas obligé, elle. Cinq minutes plus tard sa queue fouettait l'air, fiche moi donc la paix, laisse moi rêver tranquille.|couper{180}
Carnets | janvier 2025
1 janvier 2025
Fin d’année. Début d’une autre. Toujours cette mécanique, bien huilée, qui grince malgré tout. Le temps se penche, boite, traîne sa carcasse d’un côté à l’autre, traçant un sillon entre ce qui fut et ce qui sera. Les horloges ont sonné minuit, mais personne n’écoute. Le passé dort, le futur bâille. Et moi, là, à regarder. À attendre. Quoi ? Rien. Rien d’autre qu’une nouvelle journée comme une autre, avec des promesses déjà bancales, pliées avant même de tenir debout. Les vœux. Ah, les vœux. Une étrange gymnastique. Bonne année ! Bonne santé ! Des mots mâchés, recrachés, qui n’ont pas de poids, pas de corps. On les dit parce qu’il faut les dire, parce que c’est ce que les autres attendent. Des formules usées comme des chaussures trop portées. Et pourtant, on les murmure, on les écrit, on les envoie par téléphone, par pigeon, par fumée, par tout ce qu’on peut. C’est un acte humain, qu’on dit. Tendre la main, faire semblant d’y croire. Pourquoi pas ? Mais pour qui ? L’origine, on s’en moque. Babylone, Rome, Janus avec ses deux visages. Le passé regarde l’avenir, l’avenir ne regarde rien. Et nous, coincés entre les deux, nous répétons le geste. Parce qu’il faut bien marquer le coup. Une clôture. Une fissure dans la continuité. Alors, on décore, on boit, on trinque. On dit : *cette année, ce sera mieux*. On dit : *je vais changer*. Mais rien ne change. Rien. Un jour vient après l’autre, tout se tasse, tout retombe. Ce n’est pas grave. Rien n’est grave. Et les résolutions, ces petites farces. Je vais courir, je vais aimer, je vais pardonner. Je vais être quelqu’un d’autre, mais toujours moi. Mensonges utiles. On se tend la main à soi-même, mais on rate la prise. On trébuche avant même de commencer. Et c’est comme ça chaque année. Parce qu’on le sait bien, au fond : on ne change pas. On s’adapte, tout au plus. On glisse d’un bord à l’autre, et c’est tout. L’année qui finit. L’année qui commence. Deux pièces du même puzzle, qui n’ont pas de bord. Tout ça pour quoi ? Pour cette idée, peut-être : que quelque chose recommence. Que le temps, cyclique et cruel, nous donne une pause, un souffle. Une chance d’être autre chose, même si on sait que ce ne sera jamais vrai. Une illusion, peut-être. Mais une illusion nécessaire. Alors bonne année ! Bonne santé ! Bonne chance ! , surtout. On en aura besoin.|couper{180}