
K. évoque une sensation de fendre l’eau lors de l’écriture du Procès ce qui est troublant car me donne aussitôt cette vision de quelqu’un à la barre de quelqu’un d’actif —un capitaine de navire doté de raison du pouvoir de décision (par exemple)
alors que d’expérience personnelle cette impression d’être inspiré avalé par un vortex de ne rien pouvoir décider vraiment semble bien être tout le contraire
à première vue
avons nous une marge de manœuvre dans l’emportement dans l’inspiration pour prendre le recul minimum en même temps qu’on est emporté
un travail d’une vie pour obtenir ce tout petit écart dans l’inspiration
peut-être même un but possible ou une raison
Ainsi la raison se trouve dans l’inspiration au terme d’un grand nombre d’essais , de tentatives infructueuses, de ratées
peut-être tout simplement l’envie de revivre un vieux souvenir où l’on fendait l’eau sans se poser aucune question.
ou la mer Rouge s’ouvrait pour laisser passer les fuyards vers une terre Promise
ou encore quand la poche des eaux se déchire qu’il est temps de se retourner dans le bon sens pour traverser les boyaux étroits menant à la brûlure pulmonaire de la vie
ou encore quand l’oisillon de son bec pointu ( un genre de stylet ) troue la paroi calcaire de sa prison , passe du jaune orangé au bleu nuit
ou quand on lâche la corde du cerf volant et qu’à la fois ravi et dépité on le voit s’élèver dans les airs
ou quand on abandonne quelque chose de précieux et qu’on l’ offre soudain à un ami sans le moindre regret
ou quand on joue du jazz
ou quand à force de tourner en rond on décolle depuis le centre du rêve et qu’on se voit au même moment cerf-volant
et en bas les champs dans le plus petit détail de couleur de valeur
et qu’aucune séparation n’existe dans cette vision
Image mise en avant : vue aérienne du bocage bourbonnais