Le protocole consiste à n’avoir pas de protocole. C’est à dire d’extraire de l’habitude, de cette volonté louche de s’organiser. De recommencer ad vitam aeternam la même chose avec l’espoir idiot-mais est-ce que ce n’est pas un pléonasme- de voir surgir un changement. Même imperceptible. C’est ce qui est traqué dans le protocole sans doute. Détraquer le chaos, détraquer un ordre interne ou externe. On finit par se perdre. Et puis nous savons bien. Il le faut. Nous savons à présent tous très bien. Nous savons la plupart des sujets, des histoires. Il n’y a que les jeunes qui font mine de découvrir. Hier encore j’inventai avec une candeur exceptionnelle : le fil à couper le beurre, l’eau chaude et j’enfonçai dix portes déjà ouvertes. Et en une seule phrase. En battant des mains. Je m’applaudissais. Mais ce que j’en retiens c’est cette envie d’applaudissement, c’est tout. Et c’est à cela que je me suis attelé depuis, à m’en défaire, comme de toutes ces vieilles attentes. Rien de nouveau à l’horizon. La nouveauté est de le savoir vraiment, puis de s’en contenter. Une autre paire de manches. Je laisse murir cette quatrième proposition d’atelier d’écriture. J’y pense de temps à autre durant la journée. C’est à peu près tout. 160 pages sur le fait de gravir un escalator ravive immédiatement ( quand j’y pense) un côté fantasque en moi assez gênant. Le fait que ce soit un simple exercice, une distraction, même si parfaitement sérieuse comme toutes- m’amène progressivement à renâcler encore une fois de plus. C’est un mouvement. Parfaitement identifiable désormais. L’enthousiasme naïf, l’engagement inconsidéré, la tête en avant, puis le mur, la bosse, le mea culpa. Non, un peu de poil de la bête à force de faire toujours la même chose. Patience. Et s’éloigner pour se rapprocher. Les allées et venues. « Quant les bourdonnements qui lui tintaient aux oreilles cessèrent, il crut entendre des gémissements, des allées et venues dans le salon, […]. — (Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832)
De ces instants qui sont, dans le grand mouvement vers le but, des interstices. Pas si facile de les repérer. Pas si facile de les tenir en main pour les examiner. Mais, une fois l’exercice fait une première fois, c’est si facile de le recommencer, cela devient une seconde nature. Un petit sentier de traverse qui s’éloigne des nationales, des départementales, à une ou deux voies. C’est bien de s’y enfoncer, quelque chose de l’enfance vous revient presque instantanément. Des peurs et des merveilles. Comme si le moment avait pris une grosse gomme pour effacer tout ce que l’on avait mis en place pour ne plus s’y attarder. L’air adulte. La préoccupation. Le soucis. Le savoir. L’ignorance et la honte. Et soudain une clairière, un rayon de lumière posé là en plein centre de ce petit moment anodin, qui ne l’est plus du tout et façon évidente, limpide. C’est comme revenir sur les lieux longtemps après. Passé le malaise qu’on éprouve à se dire que tout à tellement changé, que rien n’est plus comme avant, finalement quelque chose se déchire en soi. Une poche. C’est peut-être ça la réalité. Une poche des eaux qui, si l’on s’en approche de près, laisse apercevoir un petit poisson rouge tournicotant dans son bocal. Ah mais comme il me ressemble.
seconde version
Le protocole, c’est l’absence de protocole. C’est refuser l’habitude, cette volonté suspecte de tout organiser. C’est répéter inlassablement les mêmes gestes, avec l’espoir, pourtant vain, de voir émerger le changement, même imperceptible. C’est traquer, sans relâche, le chaos, qu’il soit interne ou externe. Et à force, on finit par se perdre. Nous le savons bien, c’est inéluctable. Nous maîtrisons désormais la plupart des sujets, des histoires. Seuls les jeunes feignent la découverte. Il y a peu encore, je faisais preuve d’une candeur remarquable : je réinventais le fil à couper le beurre, l’eau chaude, et j’enfonçais dix portes déjà grandes ouvertes. Mais ce dont je me souviens surtout, c’est de ce besoin d’applaudissements. Et depuis lors, j’ai entrepris de m’en libérer, tout comme de toutes ces vieilles attentes. Rien de neuf à l’horizon. La vraie nouveauté, c’est d’en être conscient, et d’y trouver satisfaction. C’est une autre paire de manches. Je laisse mûrir cette quatrième proposition d’atelier d’écriture. J’y pense de temps à autre durant la journée. C’est à peu près tout. L’idée de consacrer 160 pages à l’ascension d’un escalator réveille immédiatement, lorsque j’y songe, un côté fantasque en moi, assez embarrassant. Le simple fait que ce soit un exercice, une distraction, bien que sérieux comme tous les autres, me pousse peu à peu à résister une fois de plus. C’est un schéma désormais parfaitement identifiable. L’enthousiasme naïf, l’engagement irréfléchi, la tête la première, puis la rencontre avec le mur, la bosse, le mea culpa. Non, c’est un peu comme retrouver ses marques, à force de répétition. De la patience, et un recul nécessaire pour mieux avancer. Les allées et venues. ‘Quand les bourdonnements qui lui tintaient aux oreilles cessèrent, il crut entendre des gémissements, des allées et venues dans le salon […]’ – Honoré de Balzac, La Femme de trente ans, Paris, 1832. Ces instants, au cœur de la grande course vers notre but, sont des interstices. Ce sont des moments qui échappent au mouvement général du monde, des parenthèses dans le flux de nos préoccupations quotidiennes. En suivant les sentiers qui y mènent, nous pouvons découvrir des peurs, des merveilles oubliées, des clairières où la lumière perce la densité des jours sombres. C’est là que l’enfance reprend ses droits presque instantanément, où l’air sérieux et les soucis se dissipent, laissant place à la curiosité et à l’émerveillement. Comme si, en un instant, tout ce que nous avions mis en place pour nous détacher de ces moments disparaissait, effacé par une énorme gomme. L’air sérieux, les préoccupations, les soucis, le savoir, l’ignorance et la honte. Et soudain, une clairière, un rayon de lumière posé là, au milieu de ce moment anodin, qui n’en est plus un. C’est comme revenir sur les lieux après une longue absence. Passé le malaise de constater à quel point tout a changé, que plus rien n’est comme avant, quelque chose en nous se réveille. Une poche se déchire, et peut-être, c’est là la réalité. Une poche des eaux qui, si l’on s’en approche de près, laisse entrevoir un petit poisson rouge qui tourne dans son bocal. Ah, comme il nous ressemble.
Le fait d’avoir à nouveau autorisé la banque à accepter les prélèvements de l’URSSAF, de la CIPAV me voue à l’intempestif. Après avoir négocié un échéancier avec l’un, l’autre sauvagement se sert. Voici donc la pratique des organismes privés chargé du recouvrement des cotisations sociales des indépendants. Je découvre ce matin ce prélèvement de 321 euros qui me fiche dans une rogne inouïe. Alors que j’essaie d’être d’un stoïcisme héroïque ces derniers jours. Tout à fait vexé pour le coup. Et de faire un mail acerbe à l’huissier pour lui expliquer que ce mois-ci, ça va comme ça, je n’ai pas de planche à billet, pas d’athanor pour créer des lingots d’or. Et de voir soudain surgir des horreurs sous mon clavier comme association de malfaiteurs, vol, arnaque, coup monté. bref. Et tout cela pour à la fin une pension de retraite de 673 euros versée une seule fois et puis plus rien. Impression de citron pressé. Est-ce qu’un citron à bien le droit de s’offusquer qu’on le presse. Tais toi je me suis dit, tais-toi. Le mot Christ en me réveillant vers les 4 h me vient en tant que métaphore, allégorie de tout ce qu’un petit indépendant peut subir comme calvaire de la part de l’Etat, de la Justice, de Charybde et de Scylla que sont la CIPAV et l’URSSAF. Et à la fin cloué au pilori par les actes, les mises en demeure, les saisies, est-ce qu’on ressuscite ? Va savoir.
Quand même acheté deux toiles. Et à nouveau la même péripétie à la caisse du magasin. J’avais pris des 60F en voyant les prix modiques, seulement 23 € si pur coton. Et là boum on me demande 100 € parce que j’ai pris des mélanges coton polyester, qui elles coutent dans les 50 €. Cela fait deux fois qu’ils font le coup. Donc à la fin me suis rabattu sur du 50 f pur coton, il en restait deux seulement en stock.
Souvenir en écrivant de cette conversation téléphonique d’il y a bien deux ans désormais. Cet écrivain qui organisait une formation à l’écriture. Une bonne demi- heure à discuter de tout et rien, à plaisanter. Lui en Bretagne en quête d’une forêt pour s’y planquer, moi encore à préparer je ne sais plus quelle exposition. Et à la fin il me dit qu’il est bien étonné, qu’il s’attendait à tomber sur un type perché vu ce que j’écris, alors que non, j’ai l’air tout à fait normal. Evidemment à l’époque, Je ne lui ai pas parlé du dibbouk. Je ne lui ai pas dit que j’étais possédé seulement de quatre à neuf tous les matins, que le reste de la journée j’étais un couillon tout ce qu’il y a de plus normal.
Sans le faire exprès j’ai écrit deux fois la même phrase dans un petit billet déjà posté. Je ne m’en étais même pas aperçu. Mais l’effet de voir comme une sorte de grippage, de dérapage, un mécanisme qui se dérègle comme ça sous les yeux, est étonnant. Cela produit du « déjà- vu » à peu de frais. Et de l’utiliser aujourd’hui pour réécrire une seconde version d’un texte. Cela rejoint l’exercice de l’atelier d’écriture finalement. Deux textes presque en tout point identiques sauf que non, de toutes petites modifications sont à déceler. Exercice provenant de Jacques Roubaud à l’origine.
De Roubaud au sonnet d’un pas mène à Marot. (Pour le may planté par les imprimeurs de Lyon devant le logis du seigneur Trivulse ) Du may à la racine des choses qui nous passent par la tête quand on écrit.
L’interligne est trop large sur WordPress. Ce qui me conduit à le supprimer parfois en fabriquant de longues tirades d’un seul bloc. Se pencher sur ce problème technique. Mais en allant dans le thème, découverte que pour avoir accès au CSS il faut un plan payant. A suivre. Cette réticence à payer. Tout notre système basé sur cette comptabilité. Et ceux qui tombent, il faut qu’ils paient. Bien sûr on ne s’en prend plus aux corps, la Justice ne torture plus. Sa monnaie sonnante et trébuchante se compte en temps, en années de prison, et en amendes bien sûr. En vous ôtant vos droits on vous autorise malgré tout l’oisiveté. En prison seulement 5% des détenus participent à des activités culturelles. Tous les autres font jouer leur droit à ne rien faire du tout -le seul qu’il leur reste selon leur point de vue. Ils ne le font même pas jouer je crois, c’est un réflexe.