Ecrire avec la plus grande sincérité ce qui nous traverse, finira probablement en suicide mais ne sera jamais de la littérature. Qui pourrait bien dire ce genre d’effroyable sentence ? Il faudrait pencher la tête et regarder dans le puits. Sans oublier de placer les mains de chaque côté de la bouche en porte-voix. Et au bout du compte à force de pencher cette grosse tête, elle ferait —à ma plus grande joie je crois — basculer le corps entier vers l’abîme, on entendrait un petit ploc et ce serait la seule chose de véritablement, de sincèrement discret que ce gros con de P. commettrait —et la dernière— hélas pour les unes, celles qui ne l’ont jamais vraiment connu, tant mieux pour les autres qui l’on fréquenté et savent désormais à quoi s’en tenir.
Sinon, je songe à décrire ce village dans lequel il a passé cette enfance si merveilleuse selon son dire , qu’il n’a jamais voulu lâcher son souvenir, s’y agrippant comme un taon à la croupe d’un poney toute sa vie. En tous cas, une chose est certaine, il faut que je retourne voir ce pays de cocagne, c’est à deux heures et demi de route d’ici. Peut-être une occasion en passant pour nettoyer la tombe de mes aïeux. Car nous venons P. et moi, bien sûr, du même village. Cependant ma version des lieux est bien plus lugubre. C’est comme si lui avait aspiré si j’ose dire tout le merveilleux que ces lieux autrefois pouvaient encore receler, et que moi il ne me restât plus par un étrange effet de vase communiquant qu’un pays austère et exsangue, la plupart du temps brumeux, pluvieux, neigeux, et enfin glacial et nimbé d’une incommensurable tristesse.
Oui, ça me revient maintenant. J’avais envie de prendre quelques notes sur la nécessité d’écrire un journal, très tôt ce matin, à la sortie d’un rêve bizarre. Une exposition de peinture dans laquelle je jouais les seconds couteaux, il fallait traverser des ponts suspendus dans l’Himalaya à un moment pas d’autre choix que de balancer les toiles d’une rive à l’autre puis de plonger nu dans l’eau glacée. Les vêtements balancés aussi dans des sacs poubelles et suivant les mêmes trajectoires approximativement que les œuvres qui les précédaient. Puis enfin, au bout d’une longue marche sur des sentiers de chèvres nous parvenions à la galerie. Le peintre vedette avait produit des merdes spectaculaires si bien que le commissaire l’avait gentiment éconduit lui proposant gentiment de refaire tout le chemin du retour à l’envers d’un air léger. Quand à moi je me retrouvai à devoir accrocher dans une salle du fond je ne me souviens plus trop quoi. Ce que je retiens encore c’est que la salle principale, là où devait se situer le clou du spectacle était totalement vide, les murs étaient vides, et la porte d’entrée absolument close.
Et donc, me réveillant un peu désarçonné, ma première phrase a été : mais quelle nécessité peux-tu encore trouver à écrire un journal. Et c’était un peu comme cette grande salle vide dans la pénombre dont on ne pouvait pas s’échapper puisque la porte d’entrée était fermée. Il n’y avait pas d’issue à moins de se rendre jusqu’à cette porte, de poser la main sur la poignée, l’ouvrir et s’en aller. Et que peut-on bien pu trouver au delà de cette porte, c’est peut-être là tout l’enjeu d’écrire ou non un journal, et plus j’y pense plus c’est limpide à présent.
Je veux dire peu importe le paysage sur quoi je vais nécessairement tomber, il y aura un paysage et une ligne d’horizon, forcément. Puis l’angoisse de l’angoisse est revenue au galop , comme toujours. Et avec elle le dibbouk qui —détail intéressant— est assis à califourchon à l’envers sur une chèvre. Il me parle, c’est un murmure, des rafales de vent me fouettent le visage et m’aveuglent. — Tu as pensé à un paysage, mais de l’autre côté c’est la mort le néant mon pauvre vieux, ne te fais aucune sorte d’illusion.
Donc l’intérêt d’écrire un journal est derechef tout trouvé, le but étant bien sur de rester dans la pièce vide, de ne pas aller poser la main sur cette fichue porte, de ne pas essayer de l’ouvrir.
Encore qu’on finisse certainement par se lasser, que la lassitude prenne soudain l’ascendant sur la peur. Que par ennui on brave sa propre angoisse de l’angoisse, qu’on l’achève, qu’on lui flanque un point final en pleine figure.
Image en avant : Pont en Suisse
Idées sous la douche
Un truc ne tourne pas rond. Un bruit mécanique bizarre. Le type démonte la voiture, ne trouve rien. Puis il se retourne et le Dibbouk lui demande si tout va bien avec un sourire goguenard.
La seconde idée a filé le temps que j’écrive la première. Zut.
Mais vite une autre arrive que je ne loupe pas. ( c’est comme au jeu du métro aux heures de pointe)
Car vu aussi cette vidéo— un « short » qui date d’il y a deux mois où Attal se plaint d’avoir été harcelé par Juan Branco notamment ( plus c’est gros mieux ça passe) Un short sur YouTube , j’ai cliqué sans savoir pourquoi, mince.
Est-il possible que ces deux là se vengent du harcèlement, que l’un nomme l’autre premier ministre juste pour emmerder J.B. Trop marrant comme idée. La politique se résumant à des vieux reflexes archaïques —ce qui me convient en l’espèce tout à fait. Mais quand même, personne ne dit rien, on avale tout ça sans broncher. Et de les voir ensuite ces deux là sur le perron de l’E , des clones… merde et si en fait tous les dirigeants n’étaient rien d’autre que des clones. Une entité extraterrestre nous fait croire qu’on est dirigés par des clowns, ça, pour le coup, c’est trop drôle, me fait bien rigoler. Puis le rire devient jaune évidemment.