Ne repasse pas sur un trait, trace-le d’un geste, d’un seul, sans y revenir, sans doute. L’époque est au retrait et c’est bien car avant d’oser la trace juste beaucoup de ratages de brouillons, d’esquisses et d’esquives. On ne peut pas mettre la charrue devant les bœufs, ça les perturbe, en outre ils n’en deviennent pas plus efficaces.

Efforce-toi de l’accepter, en premier lieu le trait ne sera pas juste. Il te faudra le retracer maintes fois et aussi en pensée et aussi dans ton sommeil et aussi à ces moments de vacuité dans lesquels on tombe dans de biologiques contingences.

Retrace ton trait cent mille fois et recommence.

J’ai tiré un trait définitif sur tel être ou telle chose maintes fois et avec quelle douleur bien souvent et aussi parfois avec joie, j’ai tiré des traits et aussi extirpé à la pelle des boyaux et des entrailles, pour m’en faire des cordes de violon, de vielle et à la fin cent mille fois m’y pendre.

J’ai eu des nausées qui m’obligeaient au recul, à la fuite, à la course éperdue mais c’était brouillon esquisse esquive, je ne savais rien alors encore de ce que signifie le retrait.

Car le retrait c’est être là dans l’entrelacs sans mot dire, sans maudire, sans rien dire, le geste, le regard, l’accueil s’effectue sur une nouvelle fréquence de l’être, on n’a pas besoin d’en parler de l’exhiber.

On le fait et c’est tout, c’est ainsi que le trait dans le retrait est le plus juste.