L’air suinte comme une salive morte.
Ishkan effleure le diaphragme en chitine — il claque mou, respire une fois, puis s’ouvre.
Non pas en s’effaçant : en sécrétant sa disparition.
La chambre 6 se déplie comme une lèvre traumatisée.
Au centre, une membrane d’enregistrement frémit.
Surface semi-organique, semblable à l’œil d’un globe abandonné par son regard.
— Nom ?
Une vibration. Pas d’accent. Pas de genre.
Un bruit de langue trop ancienne pour dire je.
— Je suis... la dernière forme. La plus inutile.
Peut-être.
L’encre hésite, puis s’active. Elle s’étale comme une moisissure lettrée, chaque mot crissant, comme si le langage creusait son terrier dans la peau.
— Ce que vous quittez ?
Silence. Puis :
— J’ai quitté la géométrie de mon nom.
Perdu mes contours.
Vécu la sueur d’un autre.
Tout ce que je dis maintenant me rature.
Sous les ongles d’Ishkan, une démangeaison.
Pas une envie de gratter. Une nécessité de retirer —
la peau, le rôle, le silence.
Il n’a pas peur. Pas encore.
Mais la peur commence à le contempler.
Une voix s’élève. Pas celle de l’archive.
— Vous êtes prêt ?
Non pas entendue. Ressentie. Par les os.
Dans la lumière ambiante, une pulsation change de polarité.
Le rouge devient d’abord plus rouge, puis autre chose —
une teinte que l’œil rejette mais que la paume accepte.
Dans sa main, une tache s’allume.
Ce n’est pas une lumière.
C’est un regard inversé, fixé à l’intérieur de sa chair.
Et l’espace répond, en se taisant plus fort.