Cartographie des muets
L’air suinte comme une salive morte.
Ishkan effleure le diaphragme en chitine — il claque mou, respire une fois, puis s’ouvre.
Non pas en s’effaçant : en sécrétant sa disparition.
La chambre 6 se déplie comme une lèvre traumatisée.
Au centre, une membrane d’enregistrement frémit.
Surface semi-organique, semblable à l’œil d’un globe abandonné par son regard.
— Nom ?
Une vibration. Pas d’accent. Pas de genre.
Un bruit de langue trop ancienne pour dire je.
— Je suis... la dernière forme. La plus inutile.
Peut-être.
L’encre hésite, puis s’active. Elle s’étale comme une moisissure lettrée, chaque mot crissant, comme si le langage creusait son terrier dans la peau.
— Ce que vous quittez ?
Silence. Puis :
— J’ai quitté la géométrie de mon nom.
Perdu mes contours.
Vécu la sueur d’un autre.
Tout ce que je dis maintenant me rature.
Sous les ongles d’Ishkan, une démangeaison.
Pas une envie de gratter. Une nécessité de retirer —
la peau, le rôle, le silence.
Il n’a pas peur. Pas encore.
Mais la peur commence à le contempler.
Une voix s’élève. Pas celle de l’archive.
— Vous êtes prêt ?
Non pas entendue. Ressentie. Par les os.
Dans la lumière ambiante, une pulsation change de polarité.
Le rouge devient d’abord plus rouge, puis autre chose —
une teinte que l’œil rejette mais que la paume accepte.
Dans sa main, une tache s’allume.
Ce n’est pas une lumière.
C’est un regard inversé, fixé à l’intérieur de sa chair.
Et l’espace répond, en se taisant plus fort.
Pour continuer
fictions
tant mieux
Il a dit une chose neuve : Tant mieux si le prix du chocolat augmente, personne n'en achètera et ça leur restera sur les bras. Puis un autre a dit : T'as raison et ça leur rapportera moins de TVA. Puis tout le monde a rebu un coup et c'était comme avant.|couper{180}
fictions
épuiser quelque chose
Lui avait l'air fin une fois qu'il avait déclaré : il faut épuiser quelque chose. Le simple fait de l'avoir dit l'avait comme qui dirait totalement épuisé|couper{180}
fictions
tous des chiens
Enfin, celui-là est arrivé avec son gros bonnet sur le crâne et il a dit que nous étions tous devenus des chiens. tous, des chiens sans âme ! L'autre à cet instant a voulu la ramener. Genre : ah oui ? et comment sais-tu que les chiens n'ont pas d'âme ? Mais le gros avec son bonnet avait un regard si féroce que la conversation s'est tout de suite arrétée là. Il manquait quelque chose à la scène et je ne savais pas dire quoi.|couper{180}
