Ce devait être simple.
On avait promis monts et merveilles, prédictions claires et résolutions immédiates. L’intelligence artificielle, disait-on, ferait tout : le code, la mise en page, les ajustements au pixel près, voire l’architecture entière du site — si l’on consentait à lui parler gentiment. On n’aurait plus qu’à dire ce qu’on veut. Même plus besoin de savoir le dire bien.
Or voilà qu’après quelques jours, quelques essais, quelques commandes promptes et polies, rien ne s’aligne comme prévu. Les marges glissent, les sections flottent, les composants récalcitrants prennent des airs d’indépendance. L’IA répond, oui, toujours. Elle propose, elle suggère, elle hallucine parfois. Mais elle ne sait pas. Du moins, pas ce qu’on n’a pas su formuler.
C’est qu’il manque une chose. Une chose qui ne se code pas. Une structure. Une vision, peut-être. Un plan d’ensemble, encore à inventer — ou à reconnaître, au hasard d’un détour. Et cela, il faut bien quelqu’un pour y penser. Quelqu’un de non artificiel, de vaguement épuisé mais encore capable de discernement, qui sache, par exemple, qu’un site n’est pas une collection d’éléments bien rangés, mais une proposition d’espace. Une ambiance.
C’est donc en chantier, oui. Encore un peu. Et tant mieux si cela prend du temps : il reste des zones d’ombre où l’intuition travaille, des retards qui protègent le sens, et cette obstination tranquille des développeurs à vouloir, coûte que coûte, faire les choses justement. Pas parfaitement, non : justement.
Voilà pourtant qu’une nouvelle formule du site commence à poindre — plus thématique, plus guidée. Les anciens liens, eux, persistent en marge, dans la barre latérale de [l’accueil→https://ledibbouk.net/], comme les derniers feuillets d’un carnet de bord qu’on feuillette encore, par habitude — jusqu’à ce qu’un jour, sans bruit, ils cessent d’être utiles.
Illustration : huile sur toile, avril 2025 P.B