Le point de vue, c’est ce repère à partir duquel une perspective se déploie. Il peut y avoir autant de perspectives que de points de vue. Dans cet édito de juillet, j’aimerais dresser une sorte de cahier des charges de ce que je vais écrire durant ce mois.

L’atelier d’écriture de François Bon, auquel je participe désormais depuis 2022, me semble être un bon guide pour éviter les sorties de route, bien que je ne sache encore rien de son contenu au moment où j’écris ces lignes. Ce qu’il faudra surtout travailler, ce sera une certaine idée de la modestie. Ce sera ma contrainte prioritaire et personnelle.

Pour cela, faire table rase de tout ce que je crois savoir de la modestie peut être un bon point de départ. Il me semble, pour rejoindre mon obsession de peintre concernant la justesse, que la modestie n’est pas loin d’en être le synonyme.

Être modeste, ce n’est pas chercher une posture, une position. Ce n’est pas se fier à une vieille idée de verticalité, pas plus qu’à un curseur sur lequel on aurait pouvoir d’agir. La modestie tient en grande partie du même mystère que la justesse. On sait que c’est juste quand ça l’est, sans avoir besoin d’expliquer, d’épiloguer.

Dans l’attente d’un usage à venir de ces textes, j’ai décidé de les classer temporairement toujours dans la catégorie des carnets, mais sous le mot-clé "Recto_verso".

L’écriture comme forme de résistance Pour le moment, pas de partage sur les réseaux sociaux. Ceci afin de rester le plus concentré possible sur l’acte d’écrire au jour le jour. Se débarrasser de l’inutile, du superflu, de l’agaçant. Les températures montent en même temps que mon dégoût des événements géopolitiques. Impossible de ne pas constater à quel point l’histoire est cyclique et comment, aux prises avec la répétition du même, nous sommes impuissants, faibles, vulnérables face à l’injustice, au cynisme, à la bêtise des prétendus grands de ce monde. Il ne s’agit pas de se boucher les yeux pour autant, mais de trouver une autre façon de résister que celle qu’on adopte par réflexe, par habitude, par lâcheté aussi bien souvent.

L’écriture n’est pas de prime abord une arme de destruction massive ; elle n’explique rien, elle ne justifie ni n’excuse rien. Elle est juste un acte marquant une régularité, quelque chose peut-être de naïf comme tenir une promesse, le respect d’une parole donnée. C’est ma manière d’être là, à la fois seul et avec toutes et tous.