Encore relevé l’expression "la petite chose privée" à propos d’un genre d’écriture "autobiographique" chez un écrivain de renom — ce qui m’a bien tarabusté durant de longues heures cette nuit, en même temps que, morveux, je me mouchais, raclais, hahanais, me tournant par-ci, me retournant par-là, sueurs, larmes et humeurs de toutes sortes et genres.

Qu’est-ce qui est privé, qu’est-ce qui est petit, qu’est-ce qui, dans l’impossibilité de la nommer, reste dans ce cas à l’état de chose ? Ça fait bien des questions, même pour une insomnie.

Pour ma part (quelle drôle d’expression), j’apprécie le particulier quand il mène au général, mais c’est aussi vrai que j’ai du mal, souvent, à faire le distingo entre particulier et général. Je suis en mesure (j’aime bien être en mesure, ça m’illusionne d’être musicien) de dire, par exemple, "tous des pourris", ce qui est à la fois général et arbitraire, comme je suis en mesure de dire "mon voisin n’a pas inventé l’eau chaude", ce qui est du particulier. Ça ne me gêne pas du tout.

Ceci étant, ça place le narrateur à une position telle qu’on espère qu’il ne craint pas le vertige.

Le retour sur investissement à partir de ces quelques phrases jetées est maigre, sauf qu’on sait à présent que le narrateur oscille entre la vanité crasse et cette fameuse "petite chose privée", à la fois si banale pour certain(es), voire repoussante, et l’aura magnétique des trois mots posés côte à côte : petite chose privée.

La source de l’expression se plaçant, elle aussi, à une hauteur tout aussi vertigineuse de mépris et de dédain.

Je relis et soudain irrépréssible envie de me rendre à la bibliothèque de chercher le journal de Leautaud. Avec un peu de chance retrouver la même "méchanceté" me permettra, je l’espère, de m’engouffrer avec une belle énergie dans cette nouvelle journée.