9 octobre 2024
Plus de carnet. Ne saurais à qui le dire. Je deviens il qui se sera rendu hier à une cérémonie funéraire. Longtemps que pas pleuré comme ça. Et tellement honte à la fin que parti sans même boire un godet avec les proches du défunt. Puis dans son véhicule il se demande pourquoi il pleure comme une Madeleine. Et l’expression n’est pas innocente bien sur. Pleurer comme une pute sur le retour ce n’est pas rien. Peut-être un peu exagéré. C’est là que le bat blesse. Comment se fait-il - Qui va là - Quo Vadis ?
L’homme qu’avait été le mort n’était ni un père ni un frère ni un cousin , pas même germain ni rapporté. Et pourtant j’ai senti dès le début le mot ami virevolter tout autour de moi me frôler puis se poser enfin sur le bout de mon nez. Comme ces choses évidentes qu’on découvre par surprise. A un tel point, que j’en fus soudain transi, le même genre de frisson qu’on peut éprouver dans certaines maisons mal isolées. Oui glacial c’est le mot, sauf que c’était plutôt moi le glaçon. Cette pensée ou cette émotion se mit à me faire fondre. Pour stopper l’hystérie j’ai bien essayé de faire appel à la raison, ça marche parfois, un temps. Il faut tenir — la cérémonie funéraire est chose bien règlée, qu’elle soit civile comme c’est le cas ici ou religieuse une autre fois. Deux fois trente minutes en moyenne —Non quand même tu ne vas pas te mettre à chialer .Et bien si, on ne peut rien contre ça et c’est fort ennuyeux. A un moment mes yeux n’en pouvant plus de contenir l’embuage l’expusère, des larmes se sont mises à rouler . Il y a bien 10 ans que n’avais pas pleuré ainsi, de bon coeur pour ainsi dire.
Quelque chose a lâché. Je les ai regardés, ces visages fermés, mais ils étaient vrais, eux. Toujours l’impression que le vrai n’est jamais de mon côté mais du leur. Ils pleuraient sans faire semblant, sans fioriture. Une tristesse brute. Et puis, ça m’a frappé. Leur douleur, c’était aussi la mienne. Non, c’était la nôtre. Mais merde, est-ce que c’est vraiment sincère, ce que je ressens là ? Ou est-ce que je joue le jeu, moi aussi ? C’est là que j’ai compris, presque à contrecœur : on peut être sincère sans le vouloir, sans même savoir pourquoi. Sans contrôle. Pleurer comme une pute touchée par la grâce.
Ça ne fait aucun sens, et pourtant c’est là. Peut-être que ces rituels nous avalent, nous dépossèdent de qui nous croyons être— qu’ils nous extirpent une émotion malgré nous, peut-être que c’est plus fort que nous Mais ce que je ressentais, à cet instant précis, avait l’air si réel, même si ça n’avait pas de raison d’être. Les larmes coulent encore , impossible de les arrêter. Dix ans que ça ne m’était pas arrivé. Pleurer, comme ça. Avec tout ce qu’on est. Rien de moins, rien de plus. C’est juste comme ça
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