Cinq microfictions. Chacune semble isolée.
Pourtant, quelque chose circule entre elles — mais par le creux, le contretemps, l’absence.
Ce qui fait lien ici, c’est ce qui ne s’énonce pas.


1. Les trois gestes
Chaque matin : ouvrir le volet, vérifier le robinet, effleurer le téléphone.
Il ne sait plus pourquoi il fait ça.
Il sait juste que le jour où il oubliera un geste, quelque chose basculera.

2. L’attente
Il a attendu l’appel. Puis il a attendu de ne plus l’attendre.
Le silence n’a pas changé.
Mais maintenant il sait exactement ce qu’il aurait voulu entendre.

3. L’interrupteur
Il a appuyé. La lumière ne s’est pas allumée.
Il a appuyé de nouveau. Rien.
Il est resté là, dans le noir.
Mais il ne s’en est pas allé.

4. L’entretien
Il avait préparé des réponses. Des arguments clairs, mesurés.
Mais la question qu’on lui posa ne figurait pas dans la liste.
Il sourit.
On nota quelque chose sur le formulaire.

5. La chaise
Il l’a trouvée tirée, face au mur.
Il l’a remise sous la table.
Le lendemain, elle avait repris sa place.


Texte issu d’un travail sur le “désir invisible”, d’après les principes inversés de John Truby,
et dans la veine de François Bon — ou plutôt de son double incertain, Malt Olbren,
qui sait comme personne raconter ce qui ne fait pas récit.