janvier 2022

Carnets | janvier 2022

1 er janvier 2022

Fonds du photographe Louis Morin de Pougues-les-Eaux ainsi que des albums de famille Vérat-Baillet de Rouy dans la Nièvre. La saison des vœux revient, et avec elle, la grande parade des poncifs. Pour s’y aventurer, il faut presque un casque de spéléologue, prêt à plonger dans les profondeurs de la banalité pour dénicher les fameuses « pépites ». Comme si certaines pépites valaient mieux que d’autres. Bonne santé, prospérité, succès au travail, amour sans limites, une pluie de « plein de ceci » et de « beaucoup de cela »… Comme si tout cela s’extrayait au kilo pour s’imaginer soudain béni des dieux, en train de distribuer des offrandes à la Providence, un sourire extatique aux lèvres. Admettons. On pourrait disserter longtemps, épiloguer sur cette mécanique collective. Après tout, les clichés sont là pour ça. Dire « bonne année », lancer un « meilleurs vœux », et entrer sans retenue dans la grande orgie votive du premier de l’an. Une pluie de souhaits qui éclate en feu d’artifice : jouissez bien ! etc. Puis, une fois le rituel accompli, on file ventre à terre dans son terrier , l’œil hagard, les moustaches frémissantes, les oreilles rabattues, en mode survie. Parfois, oui, les plus courtes sont les meilleures, surtout le 1er de l’an. Sinon, à part ça, fait divers dans le Berry : Le dernier jour de l’année, un homme est entré dans le tabac-presse de Saint-Martin-des-Champs avec un flingue à la main. C’était entre midi et une heure, juste avant la pause de midi. Il est venu en voiture, a garé son véhicule, a enfilé des gants de chirurgien, puis une capuche pour masquer ses cheveux, des lunettes de soleil, et un masque pour couvrir son visage. Le tabac-presse était calme. Juste la buraliste, seule derrière le comptoir, qui s’apprêtait sûrement à fermer pour sa pause. Mais il n’a pas attendu. Il a levé le bras, pointé son arme, et exigé la caisse. Il l’a forcée à s’agenouiller, à compter jusqu’à cent, et il a raflé le contenu de la caisse en silence. Elle a fermé les yeux, sans chercher à voir si le flingue était vrai ou non. Peut-être ne voulait-elle pas le savoir. Quand il a eu ce qu’il voulait, il est sorti du commerce aussi vite qu’il était venu, a sauté dans sa voiture et a filé vers La Charité-sur-Loire. La gendarmerie a été prévenue. Des patrouilles ont ratissé la région, mais ce samedi soir, on ne l’avait toujours pas retrouvé. La buraliste, elle, a été emmenée par les secours. Elle ne parlait plus.|couper{180}