Réveillé depuis 4h. Mais frais comme un gardon, car couché la veille à 21h. Lu quelques pages de Char. J’ai dû m’endormir avec cette phrase sur le ventre : « Ce qui gonfle ma sympathie, ce que j’aime, me cause bientôt presque autant de souffrance que ce dont je me détourne, en résistant, dans le mystère de mon cœur : apprêts voilés d’une larme. » Hier ou avant-hier, j’allais écrire un commentaire, mais je me suis tu. F.B bravant les lois, disant qu’il en avait un nombre quasi infini de ces Epub, Ebook et autres PDF récupérés plus ou moins illicitement. J’en ai beaucoup aussi de mon côté, j’en ai partagé avec des proches. Des collections de la Pléiade en numérique sur mes auteurs préférés et dont j’ai acheté jadis les originaux. Mais ils sont dans le bureau au rez-de-chaussée. Et puis c’est pour les voyages, les avoir accessibles dans l’iPad, pouvoir faire aussi des recherches. En fait, tout pareil de ce que F. dit. donc j’allais pas surenchérir, ni opiner du chef rien que pour dire j’opine du chef. Je n’ai donc pas écrit de commentaire.
Je suis étonné par l’habitude désormais adoptée de m’en passer, de ne plus y répondre. Finalement, c’est assez simple. Au moment de le faire, penser que l’on est en train de lire un livre. Est-ce qu’on écrit des commentaires à la maison d’édition ou à l’auteur, mort ou vivant ? Moi, non. D’ailleurs, la chose écrite n’appartient plus guère à personne, à quoi bon s’adresser à celle-ci. Sinon la plupart du temps pour se faire mousser. Les cris du cœur sont si rares qu’il vaut mieux, dans le doute, les balayer d’un revers de silence. Le prix à payer pour ça, on n’en parle pas. Mais par les temps actuels, ces temps de fin de monde, on a bien le droit de choisir son trou. Enterrer le monde qu’on a connu. Il n’existe plus. Peut-être même n’a-t-il jamais existé que dans l’imagination. Ce qui après coup oblige à la prudence, voire à la fuite.
Il est possible que des événements très lointains, recouverts d’un voile édulcoré jadis afin de me permettre la survie, remontent désormais à leur état brut, sans fard. Toute cette cruauté imbécile qui m’aura tant de fois désarmé. Que j’ai voulu transmuter en vain. Elle me saute aux yeux. La bêtise surtout me devient de plus en plus insupportable. L’énergie manque pour maintenir l’illusion d’empathie, de bienveillance. Donc je me tais, je me retiens de dire, je tourne les talons. Il n’y a que durant ces trois heures du matin, parfois quatre, quand j’écris, que je retrouve un peu d’humanité véritable. Pour le reste du temps, je donne le change. À force de repousser en soi l’énergie de méchanceté, elle ne fait que se renforcer. Je m’imagine assez bien vieillard, écumant de rage à tout bout de champ. Récupérer tout ce temps perdu à vouloir ménager la chèvre et le chou. Ce temps perdu idiotement. Et d’y aller d’une volée de jurons bien verts soufflés par Gilles de la Tourette.
Parfois, j’exagère. Comme lorsque je cherche à dessiner une ressemblance : il suffit d’exagérer le trait pour en découvrir les points les plus saillants. Je n’ai plus personne à qui parler vraiment, je m’en suis fait la réflexion hier. On ne se parle plus, on récite des rituels. Peut-être que cette séance d’écriture du matin est aussi un rituel. Un programme qui ne fait que ressasser ses boucles, ses itérations. En tous cas, petite victoire : j’ai réussi à créer un script Python qui me permet d’aller récolter tous les articles d’une catégorie de mon blog, page par page, et de les réunir dans l’ordre chronologique où ils ont été publiés dans un document Word. Au bout du compte, j’ai laissé tomber les docs, car nécessitait une API Google, et donc encore des sous. La difficulté est la suivante : d’avoir encore à effectuer quelques vérifications sur le site même afin de connaître le nombre de pages de la rubrique pour l’entrer manuellement dans le script.
Les imports préalables sont : import requests/from bs4 import BeautifulSoup/from docx import Document/import os/import re. Il faut aussi nettoyer le texte pour éviter les erreurs liées aux caractères spéciaux employés parfois dans les titres. Inverser aussi l’ordre chronologique des textes copiés par Python dans Word. Du coup, je pense que je peux encore améliorer le script pour convertir le docx en fichier PDF, et l’enregistrer dans un sous-répertoire. Suite aux différentes avaries causées par les fuites d’eau, l’assurance prend en charge les travaux. Nous avons déjà choisi notre nouveau parquet pour la cuisine, nous attendions l’argent sur le compte pour pouvoir aller l’acheter, c’est fait. La date limite de validité du devis approchant à grands pas, nous décidons de nous rendre ce matin au magasin pour régler la somme. Par contre, pas chaud pour trimballer dix-huit paquets de parquet. J’ai dit à S. que je paierai la livraison pour éviter les palabres.