Ce n’est pas le moment, ce n’est jamais le moment, et donc j’ai ajouté 20 € en plus de mon abonnement ce mois-ci pour recevoir, chaque matin, un email qui me replonge dans l’année 1925. Un saut dans la vie quotidienne de Lovecraft.
J’ai appris un mot que je ne connaissais pas : logogryphe.
J’ai appris l’existence d’Alexander Pope, que je ne connaissais pas non plus. Pas plus que celle de Samuel Johnson, dit Dr Johnson. Je ne savais pas non plus que Pierre Vinclair avait traduit Le Rapt de la Boucle.
Il est évident qu’avant tout cela, je ne savais pas grand-chose. Et demain, je n’aurai pas plus l’impression d’en savoir davantage.
J’ai trouvé intéressant de poser ces faits, simplement, les uns après les autres. Un empilement quotidien. Tenter d’examiner les contours de mon ignorance. Alors, j’ai ouvert un blog sur Blogger. J’y récolte tout ce que je croise : fragments culturels, images, mots-clés. Une collection de miettes. Pourquoi ? Je n’en ai aucune idée. Ça me prend dix minutes, et ça me donne l’impression d’être sous la douche.
Comme il fallait s’y attendre, la semaine a été difficile. Pourtant, j’essaie de maintenir un semblant d’ordre. Néant moins.
La notion de rythme devient d’autant plus cruciale quand on est seul. Laver l’assiette et les couverts juste après le repas. Éteindre l’ordinateur à 22 heures. Lire, surtout lire. Et tenter, autant que possible, de contrer cette tendance à m’éparpiller dans tous les sens. C’est plus difficile. Mais un peu de tout, ce n’est pas rien.
Sur les réseaux sociaux, c’est le désert. Je dois être ban sur X. Plus personne ne me parle, mais il faut dire que je ne parle à personne non plus. Impossible de revenir sur BKY. J’ai envoyé un mail au support, mais ils semblent débordés et me préviennent qu’il faudra du temps avant de recevoir une réponse.
J’essaie de ne pas penser à l’horreur ambiante, mais à peine je ferme les yeux, des images atroces surgissent. Peut-être un manque de minéraux. Mon alimentation ? Des sandwichs.
Crit’Air, c’est une belle saloperie sous couvert de bons sentiments affichés (réchauffement climatique, écologie, tout le tintouin). Le vrai but, à peine dissimulé, est de faire gagner du fric aux compagnies d’assurances. Les pauvres, les gueux, qui auraient le malheur d’avoir un accident dans une ZFE (zone à faibles émissions) pourraient ne pas être indemnisés. Pourquoi ? Parce qu’ils n’avaient rien à faire là avec leurs poubelles roulantes.
Ajoutez à cela les banques, qui augmentent leurs frais financiers dans tous les sens. On parle de taux oscillant entre 5 et 10 %, selon les services. Ce qui donne cette impression désagréable de tonte générale, accompagnée des bêlements plaintifs habituels. Ce qui veut aussi dire qu’on s’enfonce dans cette crise comme un vieux clou dans du polystyrène.
Hier soir, épisode 3 de la série "Bouteille de gaz".
Antargaz est en rupture. Coup de malchance : la consigne dans mon coffre n’était pas compatible avec la marque distribuée par Intermarché. À l’accueil, j’explique que je voudrais échanger ma consigne contre une des leurs, pour pouvoir acheter une nouvelle recharge. Ça ne marche pas comme ça, me dit-on.
Il faisait super froid dans l’entrée. J’ai gardé mon calme face à cette jeune femme qui me demandait mon numéro de téléphone pour établir un bon.
— En quoi le fait d’avoir mon téléphone est-il important pour obtenir une bouteille de gaz ?
— C’est comme ça, ils le demandent sur l’ordinateur.
— Très bien, mettez ooooooooooooooooooooooooooo. Je ne donne plus mon téléphone. Je suis emmerdé toute la sainte journée par des appels intempestifs.
Résultat : encore 76 balles dépensées, et désormais, j’ai trois bouteilles de gaz pour l’atelier, au lieu d’une seule.
Et voilà. Une collection de faits, sans logique apparente, posés là. Entre Crit’Air, les banques, et les courses absurdes pour une bouteille de gaz, le monde ressemble de plus en plus à une mauvaise plaisanterie. J’essaie, entre deux batailles avec l’absurde, de tenir debout. Je blogue, je lave mes couverts, je découvre des mots. Je m’éparpille, mais au fond, ce désordre a peut-être sa propre cohérence.
En même temps je rale je rale mais je suis tout autant responsable que n’importe quel putain de baby boomer de cette situation. Cette insouciance affolante avec laquelle nous avons vécu, j’ai bien peur qu’aucune autre génération après la notre ne puisse la connaître. Que disaient ma mère et ma grand-mère à cette occasion ... Comme on fait son lit on se couche !
J’ai mis en ligne la nouvelle mouture du site. Encore quelques petites améliorations à venir que je suis en train de tester en local notamment concernant les pages recherche, mot, groupes de mot... Mise en place également d’une nouvelle rubrique "Edito" , et reflexion sur un digest mensuel des carnets, ce qui devrait permettre de mettre l’accent sur les thématiques de cette montagne de textes.