24 février 2024
Ils font mal, on a mal, on souffre, on a peur, on vomit partout, on pisse, on chie partout, pour un oui pour un non, plus de dignité vraiment. Des bêtes ? Non, les bestioles sont plus dignes que ça, vraiment. Mais on est quoi ? On se le demande. Un nouveau genre de bétail, voilà c’est ça. Du bétail à capitaliste, pour les actionnaires de fonds de pension. Encore plus, toujours plus. Ils font mal, on a mal, on souffre, on a peur, on dégueule. La compassion aussi, on finira par la dégueuler une bonne fois pour toutes.
On est revenu à la même configuration d’étoiles qu’en 1789, sauf que c’est un peu plus soft, ça ne baigne pas dans le sang. Ça baigne dans le dégoût, voilà tout, il y a du vomi partout, du vomi et du caca qui flottent dans la pisse. On marche là-dedans. Marche ou crève. Attention ça glisse, mais poussez-vous, pousse-toi le vieux. Crève donc, allez. Allez hop, on serre les dents les p’tits gars. Ce n’est pas Tataouine ou les Aurès. Ce n’est pas Verdun, ni le chemin des Dames. Ce n’est pas non plus Dantzig, Arcole, la Bérézina. Tout ça, c’est derrière nous. À mon avis, on n’a pas encore vu le pire. Le pire est toujours devant, en estafette. Un pire qui guette un autre en douce. Un pire qui se repaît de l’avenir. Un âge d’or du pire. Vas-y, chante.
Nous aurons du pain
Doré comme les filles
Sous les soleils d’or
Nous aurons du vin
De celui qui pétille
Même quand il dort
Nous aurons du sang
Dedans nos veines blanches
Et le plus souvent
Lundi sera dimanche
Mais notre âge alors
Sera l’âge d’or
Merde, j’en pleurerais bien si je n’avais pas cours dans quelques minutes.
Je descendrais trois marches, mettons un perron en ciment, puis trois marches menant à une allée de terre battue. Je me retrouverais là dans cette cour, devant les hauts prunus frémissants sous la brise du printemps. Leurs feuilles bien rouges déjà. Le regard chercherait dans l’ombre les massifs de pivoines près du muret de séparation d’avec la maison à côté. Le mystère des pivoines. Une sensation qui place la vision dans la main, de les voir, de les sentir déjà en paume, par contre absence d’odeur. Le nez n’y est pas. L’ombre est due aux branches, aux feuilles, à toute la masse végétale rougeâtre qui s’élance en gerbe vers le ciel (bleu ?) Les cieux ne sont pas toujours bleus. Il y a des cieux ardoise, taupe, gris souris, rat musqué. L’odeur de l’orage monte au nez sitôt qu’on pense au ciel de ces jours-là.
Un télescopage de textes, couper le récit, enclencher sur tout autre chose. La clenche, le levier oscillant autour de l’axe d’un loquet venant s’engager dans le mentonnet. Comme un serpent qui danse. Ce ne sont que des brouillons, des textes indéfinis. Je devrais le rappeler de temps en temps.
Pour continuer
Carnets | Février 2024
28 février 2024
L’auteur oscille entre les réminiscences de son enfance et ses réflexions sur l’écriture contemporaine. La mémoire, teintée d’une lumière froide, sert de point d’ancrage à des pensées plus vastes sur le rôle du vide dans l’art et la vie. Des souvenirs d’un paquebot rouge dans une salle de bain d’enfance à la découverte de textes oubliés, chaque fragment dévoile un rapport complexe au passé et à l’acte d’écrire.|couper{180}
Carnets | Février 2024
27 février 2024
Qu’est-ce qui a changé en nous pour que ce qui nous semblait extraordinaire hier nous paraisse aujourd’hui si banal ? Un désenchantement progressif, entretenu par des images de plus en plus consommables, semble avoir effacé notre capacité d’émerveillement. Mais ce désir de rêve et d’imagination, lui, reste intact, attendant de retrouver un chemin vers des merveilles oubliées.|couper{180}
Carnets | Février 2024
25 février 2024
De ses débuts en tant qu’élève à son exil forcé en passant par sa relation tumultueuse avec Héloïse, suivez le parcours fascinant d’Abélard, une figure complexe, intellectuelle et profondément humaine|couper{180}
