7 juin 2025

Ce que l’écriture raconte d’elle-même, y compris comme mise en page, comme occupation de l’espace sur ce site, sans doute n’est-ce pas encore suffisamment évident. Ce ne le sera peut-être même jamais. Tout au plus quelques jugements à l’emporte-pièce, y compris délivrés par le webmaster-auteur lui-même. Rien de suffisamment inquiétant pour déstabiliser le monde, ses fondements, ses perspectives. Peu à craindre non plus qu’une opération spéciale enfonce la porte. Qu’une ambulance et des hommes en blanc surgissent et me bâillonnent, me ligotent, m’internent pour fermer le clapet à cet interminable discours qui discourt sur lui-même, sur tout discours. Ils savent déjà que ce silence-là est inoffensif. Qu’il ne les gênera pas. Qu’il pourra même les divertir. Au bout du troisième jour de panne, lorsqu’on voit comment les choses s’effondrent doucement à l’intérieur de son propre foyer, comment ne pas comprendre la métaphore, l’allégorie ? Si possible en ajouter pour accélérer le désastre. Mettre soi-même le site en panne suite à une erreur dans le fichier mes_options.php. En effet, les options ne sont pas nombreuses, autant les réduire à néant. Tester s’il reste encore la moindre velléité d’urgence en soi. Il n’y en avait plus guère. J’ai laissé le site en plan pour aller bosser vraiment, enseigner la peinture, tout en comprenant tout au long de la journée que le désastre s’étend aussi dans ce domaine-là. Non plus un déplaisir, non plus une colère, ni une rage, juste une forme nouvelle d’indifférence – je dis nouvelle parce que nouvelle dans ce domaine certainement, mais ancienne, archaïque dans le fond, qui consiste à toucher le fond des illusions. Où s’imaginer le toucher. Dans l’espoir, bien sûr, qu’une fois parvenu là on n’aura pas d’autre choix que de donner un coup de pied, de repartir vers la surface. La tension qui aura entraîné la rupture, la panne, elle se situe dans cette lubie de vouloir modifier les URLs du site entier, passer d’une adresse interlope mais qui fonctionne à une carte de visite à caractères dorés. Les URLs propres pour être mieux référencé, bien sûr. Et de voir une fois encore le ridicule de cet écart qui existe toujours entre désir et écriture. C’est pourquoi je me dirige vers une nouvelle version du site encore. Je ne donne pas de date, d’ailleurs la rubrique agenda est plantée comme la rubrique mosaïque. Pas d’urgence à les remettre en ligne. Il y a beaucoup trop de choses sur ce site, comme il y a beaucoup trop de choses sur mon plan de travail ici dans le bureau, ou dans l’atelier, comme dans ma tête.


What writing reveals about itself—including as layout, as the occupation of space on this website—well, it’s probably not obvious enough yet. Perhaps it never will be. At best, a few snap judgements, including those delivered by the webmaster-author himself. Nothing sufficiently alarming to destabilize the world, its foundations, its prospects. Little fear either that some special operation will kick down the door. That an ambulance and men in white coats will turn up to gag me, tie me up, section me just to shut me up—this interminable discourse that discourses about itself, about all discourse. They already know this particular silence is harmless. That it won’t bother them. That it might even amuse them. By the third day of the breakdown, when you see how things gently collapse inside your own home, how can you not grasp the metaphor, the allegory ? If possible, add to it to accelerate the disaster. Crash the site yourself through an error in the my_options.php file. Indeed, the options aren’t numerous—might as well reduce them to nothing. Test whether there’s still the slightest hint of urgency left in you. There wasn’t much. I left the site in pieces to go and do some real work, teach painting, all the while understanding throughout the day that the disaster extends into that domain too. No longer displeasure, no longer anger, nor rage, just a new form of indifference—I say new because it’s certainly new in this area, but ancient, archaic really, which consists of hitting rock bottom of illusions. Or imagining you’re hitting it. In the hope, naturally, that once you’ve got there you’ll have no choice but to kick off, head back to the surface. The tension that led to the rupture, the breakdown—it lies in this obsession with wanting to modify the URLs of the entire site, moving from a dodgy address that actually works to a gilt-edged calling card. Clean URLs to improve search rankings, naturally. And seeing once again the absurdity of this gap that always exists between the desire for recognition, the attempt to renounce that desire, and writing. Which is why I’m heading toward yet another version of the site. I’m not giving a date—besides, the agenda section is broken like the mosaic section. No rush to get them back online. There are far too many things on this site, just as there are far too many things on my desk here in the office, or in the studio, or in my head.

Carnets | juin 2025

30 juin 2025

Gros boulot sur le base de données. Renommage de toutes les tables et suppressions de certaines qui semblaient poser problème. Je n'ai pas encore réussi à nettoyer la rubrique import de toutes les balises wp dont sont truffés les articles. Après moult essai et l'importation d'un dernier script, j'envoie un ticket à OVH. J'ai rétrogradé ma version php de manière à être dans les clous avec la version 4.4.4 de SPIP. Bref, accaparé par ces contingences techniques je ne peux pas dire que ce soit une journée palpitante. De gros coups de chaud mais pas dûs aux températures. Demain nous allons à C. S. et moi pour voir E. et l'après-midi rendez vous avec le remplaçant de B. Le tableau est prêt. Nous verrons L. et A. seulement dimanche avec M. et C. Espèrons qu'il leur plaise. Préparation pour affronter Avignon. Avec cette chaleur, j'avoue que je ne me vois pas du tout arpenter la ville. Je prévois d'apporter un carnet à dessin et de me mettre à l'ombre. Petite pluie tout à fait ridicule en fin de journée. pas grand chose d'autre à ajouter. Le mois se termine en queue de poisson on dirait bien.|couper{180}

relevé

Carnets | juin 2025

29 juin 2025

Réveil 3h30. Il faut un petit laps de temps pour que je retire le masque de mon visage. Le temps de visualiser l'enchaînement des gestes. D'abord appuyer sur le bouton off de la machine. Puis retirer l'harnachement de sangles et de lanières. Ne pas oublier de déloger les deux petits pitons de leurs encoches respectives, de chaque côté du morceau de plastique dur. Enfin libéré, se diriger vers l'interrupteur et allumer. Puis démonter la partie souple en contact avec le nez pour se rendre à la salle d'eau et la plonger dans le bol préparé la veille. Mélange d'eau et de savon. Ne pas oublier non plus de vider le réservoir d'eau, de le rincer et de le retourner sur une serviette afin qu'il sèche. Ne reste que le long tuyau rigide à rincer. Eau et savon encore mais au-dessus de la baignoire cette fois. Puis l'accrocher sur l'étendage afin que tout soit de nouveau opérationnel pour la nuit prochaine. Hier vers la mi-journée j'ai achevé la commande de A. et L. J'ai pris une photographie et je la leur ai envoyée. J. arrive vers 12h. Nous prenons un moment pour faire le point sur nos faiblesses, nos obstacles, nos maladies avant de nous mettre à table. Poulet rôti et pommes de terre au four. Nous testons le vin restant dans le cubi. Il est encore correct. Sieste ensuite. Puis nous sortons sous la chaleur, nous prenons la Twingo pour aller chercher la fraîcheur à Saint-Pierre-de-Bœuf. Marche le long de la rivière. Spectacle assuré par les canoteurs. Puis nous avisons un petit établissement. Terrasse ombragée. Café et verre d'eau glacé. Nous restons là à prévoir notre prochain séjour en Avignon. S. nous a trouvé un hébergement à Montfavet. On ira certainement voir la tombe de Camille Claudel. De mon côté je préviens que je ferai cavalier seul. Un programme parallèle qui me dispensera de me jeter dans cette course annuelle et frénétique vers les salles de théâtre. Il doit bien y avoir des choses à visiter autres que des théâtres, dis-je. Nous restons encore un peu puis nous repartons. Les sièges de la Twingo sont bouillants. Nous proposons à J. de dormir à la maison mais il décline. Il prend le train de 8h02 pour Lyon.|couper{180}

relevé

Carnets | juin 2025

28 juin 2025

À droite de l'écran se dresse d'abord un mur vert percé d'une fenêtre grande ouverte en raison de la chaleur que l'on cherche à expulser pour la remplacer par la fraîcheur matinale. Considérations climatiques futiles qui m'auront échappées puisque j'étais parti pour décrire les lieux. Mais j'y reviendrai peut-être. Sur le climat. Donc, nous avons une fenêtre de forme rectangulaire, il est rare par ici de voir des fenêtres carrées. Les rondes ou en losange sont encore plus rares. Ici aussi je crois qu'on pourra se passer de la géométrie. Au-delà de la fenêtre, un mur qui monte jusqu'à une ligne taillée en biseau, et qui est tout simplement le fait souligné d'une ombre encore plus noire que la pénombre. Si l'on veut laisser l'œil s'élever encore on peut avoir un triangle de ciel gris bleu dans la partie supérieure de la fenêtre. Avec peut-être une légère nuance purpurine. Description qui n'est que l'écho d'une page lue ce matin. Ce qui me fait penser à Laurent Mauvignier quand on lui demande quels sont les auteurs qui l'ont inspiré. Il parle de cet écho chez d'autres auteurs d'un quelque chose qu'il cherche à dire. Est-ce cela l'inspiration, je ne sais pas. Peut-être que ça parle de solipsisme prometteur plutôt. Comme si à la lecture on avait franchi un mur. On aurait découvert cette percée, cette fenêtre que j'évoque au début, on passerait par celle-ci et l'on se retrouverait dans un jardin, dans une ville, dans ce que l'on voudra, une bibliothèque. La seule chose dont on ne pourrait plus douter c'est que c'est à soi de s'occuper des lieux. Car pas de jardinier ici, pas d'éboueur pour ramasser les ordures, pas de bibliothécaire pour épousseter les ouvrages, balayer les sols. Tout nous appartiendrait, d'accord. Mais nous serions les seuls responsables à la fois des merveilles qu'on y trouve comme des dégâts qu'on y cause. Une idée fugace passe, laisse-la passer, ne la retiens pas. Patience. Si elle revient une seconde fois note qu'elle se représente avec un léger étonnement. Mais laisse-la passer encore. La troisième fois cependant note-la car il y a de grandes chances qu'elle ne se représente plus. Cet espoir de retrouver goût à la lecture lui tomba dessus comme la grâce. Qu'allait-il en faire lui qui dans chaque espoir décelait déjà les prémisses d'une deception à venir. Donc le mot propriété revient par la bande. C'est à dire que tu lis un livre, tu le lis parfois plusieurs fois, tu t'en imprègnes et à la fin de voici étrangement devenu son propriétaire . Je ne parle pas de placer le livre sur l'étagère de la bibliothèque, évidemment. Je parle de cette sorte d'avidité incroyable au fond de soi qui s'accapare le monde de toutes les manières dont on peut imaginer que le monde se présente à soi. Que ce soit une rue que l'on arpente à période régulière et dont on fait sa familère, comme jadis on parlait de favorite. Que ce soit les fleurs du jardin que l'on arrose le matin pour qu'elles ne dépérissent pas trop vite. Que ce soit les livres que l'on lit et dans lesquels parfois on se reconnaît plus ou moins. L'idée d'être assisté pour respirer. Par une machine. L'agacement soudain s'additionne à la chaleur, se cumule, s'amplifie. Vers 23h j'arrache le masque. C'est à dire que le confort au bout d'un moment m'est tout aussi insupportable que tout le reste. C'est à ce moment, ne parvenant plus à dormir que j'ouvre les Nouvelles Complètes de Conrad, chez Quarto. Je n'avais jamais lu la préface de Jacques Darras. Il évoque la présence de Rimbaud et de Jozef Konrad Korzeniowski au même moment à Marseille, en 1875. Et surtout cet attrait des deux jeunes hommes pour les langues étrangères notamment l'anglais et le français pour le jeune polonais. "L'oreille devient organe majeur, les recherches linguistiques saussuriennes sont proches d'une formulation théorique". Hier encore je m'interrogeai sur l'utilité d'un récit de voyage et aussitôt que je lis ces pages ce sont les noms de lieux qui attirent l'oeil. l'île de Bangka au nord de Sumatra Semarang Singapour et Bornéo Aden Kinshasa Stanley Falls Harar L'hôpital de la Conception à Marseille.|couper{180}

Auteurs littéraires Autofiction et Introspection réflexions sur l’art