Ce ne serait pas uniquement dans le noir. En plein jour aussi désormais. Tu es sur le chemin de terre près du Rhône, tu as décidé d’avancer. Tu avances. Le corps est lourd, pesant, récalcitrant. Et toi tu lui dis d’avancer, un pas après l’autre. Aller encore un. Et encore un. Et puis un pas encore. Qui dit d’avancer, demande cette voix derrière la voix. Mais tu ne t’arrêtes pas, toi tu avances. Les voix se chamaillent, elles se chamaillent toujours un peu. C’est de la distraction. C’est pour que tu ne voies pas quelque chose derrière ces voix. Comme si depuis tout ce temps tu ne l’avais pas vu. C’est le jeu. Tu fais semblant de ne pas l’avoir vu et tu te laisses distraire par ces voix en plein jour, comme en pleine nuit. Et tu avances comme ça sur le sentier de terre et tu avances comme ça jour après jour. Vers quoi, quelle importance. Quand ça s’arrêtera, tout se taira. Le silence aura son mot à dire enfin.


It wouldn’t be just in the dark. Broad daylight now too. You are on the dirt path by the Rhône, you have decided to move forward. You move forward. The body is heavy, weighted, balking. And you tell it to move forward, one step after another. Go on, one more. And one more. And then one step more. Who says move forward, asks this voice behind the voice. But you don’t stop, you move forward. The voices squabble, they always squabble a little. It’s distraction. It’s so you won’t see something behind these voices. As if all this time you hadn’t seen it. That’s the game. You pretend not to have seen it and you let yourself be distracted by these voices in broad daylight, as in deep night. And you move forward like that on the dirt path and you move forward like that day after day. Toward what, what does it matter. When it stops, everything will fall silent. Silence will have its say at last.