lIs étaient entrés, malgré les murmures, malgré les échos. La porte s’était refermée derrière eux, et Jesse l’avait entendue se verrouiller d’un simple déclic. Il ne l’avait pas vérifiée, mais il savait. Ce n’était plus la peine de faire demi-tour.
Le couloir s’ouvrait sur une vaste pièce plongée dans la pénombre. Les murs nus et hauts donnaient l’impression d’être entrés dans une sorte de sanctuaire abandonné. La lumière faiblissait, et il ne leur restait que quelques minutes avant de se retrouver dans l’obscurité complète. Henry alluma une lampe à huile qu’il avait dans son sac, et la faible flamme projetait des ombres mouvantes sur les murs.
Jesse resta en retrait, laissant les deux autres s’avancer. Ils ne se parlaient pas, mais leurs pas résonnaient doucement sur le sol. Les lieux étaient vides, mais pas silencieux. Il y avait ce bruit sourd, régulier, quelque part au-delà des murs. Un battement, presque, comme une respiration. Jesse essaya de ne pas y prêter attention.
« On devrait trouver une sortie, » dit-il, brisant le silence. Sa voix paraissait étouffée, avalée par l’épaisseur de l’air.
Henry s’approcha d’un mur où des inscriptions semblaient avoir été gravées. Des symboles complexes, rien de lisible. « C’est comme si cette ville était un labyrinthe… mais conçu pour que personne n’en sorte. »
William, qui observait le plafond, ne répondit pas. Il touchait les murs, vérifiant leur texture, leur solidité. Il avait l’air absorbé par quelque chose que Jesse ne comprenait pas. Ou qu’il refusait de comprendre.
« Ça ne nous aide pas, » grogna Jesse, agacé. Il sentait l’air se faire plus lourd, plus dense, comme si la pièce se refermait lentement sur eux. Il détestait cette impression d’enfermement.
Henry leva sa lampe plus haut. « On est entrés dans quelque chose qui veut nous garder ici. Il faut comprendre pourquoi. » Sa voix, d’habitude si calme, tremblait légèrement.
Jesse soupira et se passa une main sur la nuque. Il ne comprenait rien à tout ça. Lui, il s’occupait des menaces tangibles, de ce qu’on pouvait voir, toucher, combattre. Mais ici, il n’y avait rien de concret. Juste des ombres et des bruits.
William se tourna brusquement. « Écoutez… » Sa voix était rauque, tendue. Il désigna un coin de la pièce. Henry s’avança, tandis que Jesse restait en retrait, prêt à réagir.
C’est alors qu’ils virent la porte.
Elle n’était pas là avant, ils en étaient sûrs. Une porte en bois sombre, gravée des mêmes symboles que sur les murs. Elle semblait les attendre. Jesse fit un pas en avant, mais Henry le retint.
« Pas cette fois, » dit Henry. « Il faut être sûr. »
William s’approcha lentement, la main tremblante. Il hésita, cherchant quelque chose à dire. Mais aucune explication ne vint. La porte semblait presque vibrer sous leurs regards.
« C’est une sortie, » dit Jesse, d’un ton plus dur qu’il ne l’aurait voulu.
« Ou un piège, » murmura Henry.
Ils se tenaient là, tous les trois, chacun pesant les mots, les choix, la peur. Jesse savait que les dilemmes comme celui-ci étaient des jeux truqués, où l’indécision pouvait coûter plus cher que l’erreur. Il prit une inspiration profonde et fit un pas en avant.
« On ne va pas rester plantés là, » dit-il.
Il tendit la main vers la poignée. Le bois était froid, presque humide sous ses doigts. Il hésita, juste un instant, avant de pousser.