Parvenir tout à coup dans le pays des idolâtres. Qui ne sont pas des adorateurs de l’âtre, du foyer, dans lequel on peut parfois encore suspendre un chaudron rempli de soupe, qui mijote, dans le fin fond de nos campagnes.

Arrivée en terre idolâtre. Ne rien comprendre à tous ces salamalecs qui sont, le dit-on au café du coin, pour la plupart — et forte ignorance — confondus souvent avec hypocrisie, confusion liée pour sa plus grande part à la bêtise ainsi qu’aux miroirs.

Idolâtres contre iconoclastes, ne pas se tenir au milieu.

Le veau d’or, j’adore l’or, est-il halal ? Parce que je le veau bien, pas volée celle-ci, la vache.

Arrivée en terre idolâtre. Comprendre les règles peut prendre un certain temps. Se laver les mains, se brosser les dents, ne pas cracher par terre à tout bout de champ (de chant ?), se peigner, se pommader, se farder, avec khôl (pas Émile) et faux cils, jabots de dentelles (qui est à l’origine un lieu de stockage, une poche dans l’œsophage de certains volatiles où séjourne le manger) et toute une collection de frivoles fanfreluches qui garnissent de façon légère le grand vide intersidéral des cervelles, situé entre les deux esgourdes des gourdes comme des gourdins.

Il existe une grande variété d’idolâtres, mais aucun index ni corpus à ce jour n’a été tenu suffisamment à jour (depuis Rabelais) pour qu’on puisse se repérer convenablement dans l’idolâtrie en général.

Il se peut même que de tous, la pire catégorie soit les idolâtres de la raison, sur lesquels la vie, quand elle touche leur front, fait un bruit de gong, ou de bol tibétain, mais mal manié par un gros bêta.

Car la raison n’est-elle pas la religion à la mode, comme le bœuf le fut en des temps reculés ? Ou les tripes, quand on les cuit à Caen, ou les andouilles à Guémené (situé en Morbihan).

On peut être idolâtre avec raison, ou conscience, enfin se rendre compte, mais continuer malgré tout pour ne pas devenir paria. En tout idolâtre qui s’éveille demeure un paria qui sommeille.

Les idoles sont nombreuses et souvent on oublie que ce sont des idoles. On peut trouver des idoles à tous les coins de rue. Certaines sectes s’arrêtent désormais à des feux rouges, qui sont un peu semblables à des totems indiens. D’autres à des panneaux ronds comme des queues de pelle nommés STOP.

L’enseigne du bordel comme celle du boucher, du magasin de pompes funèbres, autant de signes s’il en faut encore pour prouver que nous voici arrivés en terre idolâtre.

Et quid de ces billets, de ces pièces dont il faut se munir pour payer son plaisir, sa viande, son cercueil ? Idolâtrer l’argent est le passe-temps des idolâtres.

L’art des gens d’ici, c’est de gagner des pépètes, du flouze, du pognon, du jonc. À la sueur de leur front pour le plus grand nombre.

Ce qui est complètement con, aucune humeur salée de ce style n’a jamais produit un kopeck, c’est encore une de ces foutues images dont les idolâtres se servent pour communiquer ou se niquer eux-mêmes ou les uns les autres, enfin bref entre eux.

"Heu heu, je gagne ma vie à la sueur de mon front." Eh ben, si ça peut te faire plaisir, continue.

On peut gagner sa vie de tant de façons ridicules qu’on n’est plus à ça près, n’est-ce pas ?

L’idolâtre, pour vivre, a surtout besoin d’idoles. Et si soudain on coupait le courant, ah ! Que se passerait-il en Idolâtrie comme partout ailleurs ? Ah !