Il faut être dans le plus dur du dur de la réalité pour découvrir l’immense potentiel de l’imaginaire. Les gens qui vivent dans un certain confort ne savent pas à coté de quoi ils passent. Je me faisais cette réflexion hier encore en inventant une histoire d’enlèvement par les extraterrestres, en direct, face à mon beau-frère. En prenant le ton le plus sérieux qu’il soit, et en fournissant suffisamment de détails mais pas trop non plus, l’ellipse est essentielle dans ce genre de narration, je vis son visage s’allonger, son regard chercher un appui sur le mur du fond derrière moi.
"— Est-il devenu cinglé ?" semblait demander au mur ce regard.
Evidemment je me mis à sourire pour le rassurer.
"— je plaisantais, bien sûr..."
Il en fut à la fois soulagé et un peu triste je crois bien.
Mais le fait est qu’on ne devrait pas raconter à n’importe qui tout ce qui se passe dans notre vie. Même avec les meilleures intentions du monde. Comme par exemple tenter de réveiller un peu l’imagination de nos proches qui souvent parait bien endormie.
Je racontais ça au pilote de la soucoupe qui se gondola, si tant est qu’un être métamorphe puisse se gondoler comme nous autres humains, bien sûr. Le voyage est assez long jusqu’à Alpha du Centaure, il faut bien parler de quelque chose, même si dans le fond, on n’a pas grand chose à dire.