Depuis 2019 la faille est béante. Avant je pouvais me dire que tout finirait par s’arranger ; ce mensonge ne tient plus. Le temps s’est arrêté, nous vivons le présent d’une répétition infernale. Quelque chose s’est creusé alors — un tunnel vers le plus pourri du cœur des hommes — notamment le mien, j’imagine ; et les démons s’en servent d’ascenseur : ils remontent du ciel infernal vers notre sous-sol terrestre. Depuis 2019 tout est inversé. Je ne le savais pas. Je l’apprends aujourd’hui, à demi-mot, par une IA. Les modes d’emploi me désespèrent, surtout pour l’écriture : opercule à percer, deux minutes au micro-ondes, régalez-vous ! . J’y ai cru autrefois. Face à la feuille blanche on est tellement con. J’ai failli souhaiter bon anniversaire à J.O. J’ai failli le souhaiter à F.B. Puis je me suis souvenu que ma seule relation avec eux est celle d’un lecteur. Donc non. Un pacte ne se brise pas sous couvert de bonnes intentions. Depuis 2019, les bonnes intentions s’effondrent comme des soufflets à peine montés — un monde sans elles n’est pas seulement irrespirable : on y étoufferait, assassiné par nos vieux mensonges. Avant 2019 je me torturais : je prenais la fausseté pour une faute personnelle. Aujourd’hui je sais que la justesse est circonstancielle — un lieu, un instant, ou rien du tout. Peut-être le savais-je toujours ; il aura fallu 2019 pour que je veuille l’admettre.


Le fait que je m’enfouisse dans le code comme dans un labyrinthe. On n’en sortirait jamais. On peut toujours faire “mieux”. Ce mensonge utile aussi, la petite poire pour la soif. Hier j’ai encore retouché la carte interactive : j’ai ajouté aux points géolocalisés des listes d’articles sous forme d’info-bulles. C’est parti d’une question : combien de fois sur ce site ai-je écrit ce mot, cette ville, ce lieu ? Chaque article relié à un point, et tout à coup apparaissent des index étonnants. Mais ça ne suffisait toujours pas. Je me suis dirigé vers les diagrammes de Voronoi, de manière à proposer une vue plus graphique des groupes de mots-clés du site, mais trop années 80, je me suis orienté vers la graph-view d’Obsidian que je suis parvenu à intégrer dans les descriptifs des principaux mots clés.

Au final ce site devient un objet littéraire. Un ovni. Si des livres s’en échappent ce ne seront guère plus que des stolons.