19 juillet 2025
Méthode
1- j’écris d’abord ce qui me pousse.
Le ou les récits déclenchés par une information glanée ici ou là et qui continuent leur progression dans une durée. Ce qui fournit une sorte d’explication, voire de validation à l’idée de durée. Si le temps n’existe pas il ne peut y avoir de récit, pas d’histoire. C’est en essayant d’améliorer encore une fois la navigation du site en local que cette idée surgit au travers du mot "Labyrinthe".
La légende de la caverne du purgatoire de saint Patrick (Lough Derg) renforce cette idée : il y aurait un passage vers l’au-delà découvert par Patrick, qui évoque une traversée difficile, un passage initiatique, très proche du mythe du labyrinthe
A gauche deux voies de navigation, en haut les rubriques, en bas les pages thématiques. La rubrique la plus complexe à afficher étant pour l’instant celle des carnets après plusieurs essais fumeux j’ai repris l’ancien affichage avec la pagination des années puis en dessous celle des sous-rubriques mois et enfin par mois la liste des articles selon un modèle très simple du site Ubuweb. J’avais été tenté par le modèle que propose Guillaume Vissac sur son site "Fuir est une pulsion" mais je n’ai pas vu comme l’adapter vraiment à ce que je voulais. Ce que je veux se détermine par la prise de conscience progressive de ce que je ne veux pas. Et donc cela prend du temps. C’est ce que j’appelle un parcours labyrinthique. J’ai voulu reprendre sur une aside droite l’idée dun affichage conditionnel de mots clés, ou encore un "lire aussi " selon l’endroit du site où le visiteur se trouve. Ce qui ouvre de nouvelles galeries insoupçonnées jusqu’à présent, notamment le fameux "lire aussi " car il ne servirait à rien de proposer des articles taggés avec le même mot clé, c’est ce que propose déjà la logique conditionnelle. Non, il faudrait que ce "lire aussi" fabrique un autre récit à partir d’un premier. Peut-être même quelque chose de totalement aléatoire. Comme si pour en revenir à la peinture c’était sur le hasard seul qu’on puisse vraiment compter pour progresser dans ce labyrinthe. Il y a donc dans cette navigation une sorte de reflet de ce que je pratique quand je peins, une sorte de lutte pour réaliser une synthèse entre rationnalité et hasard. Le hasard étant toujours au dessus de la rationnalité car c’est tout ce qu’elle a encore à parcourir comme prise de conscience d’elle-même. Tout cela pour aller non pas vers une raison dogmatique mais un espace plus vaste. Le moteur Tailwind ronronne désormais, de nombreux obstacles ont encore été traversés notamment grâce à une dernière version que j’ai installée. J’ai aussi repris la page article mais après avoir lu récemment quelques articles de Carl Dubost très tenté par la quiétude de ses pages très aérées ... ponctuée de notes, de passages en anglais, de notations techniques cotoyant des citations littéraires Ce que je tire comme leçon de tout cela ? ces longs passages à vide ne sont pas là pour rien. Ils ne peuvent pas être là pour rien. Et me disant cela l’opiniatreté, la tenacité sont des acteurs mis en scène par ce mystère que je tente de percer peu à peu : la patience.
- récriture
Une image revient : le labyrinthe
C’est en améliorant encore une fois la navigation du site en local que le mot s’est imposé. Labyrinthe. Non pas comme échec ou confusion, mais comme structure d’exploration. Une méthode.
Saint Patrick dans la boucle
La légende de la caverne du purgatoire de saint Patrick (Lough Derg) renforce cette idée : il y aurait un passage vers l’au-delà découvert par Patrick. Traversée difficile. Passage initiatique. Très proche du mythe du labyrinthe.
Navigation et durée
À gauche deux voies : en haut, les rubriques ; en bas, les pages thématiques. Et au centre, la plus insaisissable : les carnets. Plusieurs essais, puis retour à une forme plus nue. Années, mois, articles. La simplicité d’Ubuweb.
Ce que je veux
Ce que je veux se détermine par la prise de conscience de ce que je ne veux pas. Ce que je veux est lent. Labyrinthique.
Hasard ou structure
Le “Lire aussi” devient une galerie latente, un récit dérivé. Il ne doit pas reproduire. Il doit bifurquer. Comme un pinceau dans la peinture qui trouve une forme imprévue. C’est le hasard qui oriente. Pas la raison.
Synthèse lente
Rationalité et hasard ne s’opposent pas. Le second est une leçon adressée à la première. Ce n’est pas un système. C’est une prise de conscience en cours.
Moteur
Tailwind ronronne. Enfin. Chaque obstacle a été un détour, une station dans le labyrinthe.
Patience
Il n’y a pas de vide inutile. Juste des espaces à traverser. Des temps morts nécessaires. La ténacité est mise en scène par un mystère plus vaste : la patience.
- texte final
Encore un gros travail de refonte du site en local. Beaucoup à ingurgiter. Des heures à démêler les subtilités entre flex et grid, juste pour aligner deux barres latérales. Des heures encore pour trouver les bonnes classes, les épingler dans le input.css, faire ronronner le moteur Tailwind. Et ce matin, sans prévenir, le mot labyrinthe. Il m’a ramené à Lough Derg, au purgatoire de saint Patrick. Un carnet ancien, une page annotée, perdue. Et pourtant l’image revient. Il faut parfois du temps, de la patience, de la chance, pour comprendre qu’une note oubliée n’était pas inutile. Qu’elle travaille encore. Qu’elle tisse un récit dans la durée. Ce qui réconcilie, un peu, avec l’idée même de durée — tout en sachant que dans l’absolu, le temps n’existe pas.
Et pourtant on est là. Écran allumé, classes CSS, agencements. Des éléments qui refusent de tenir ensemble. On cherche la forme, comme on cherche un passage. Lough Derg n’est pas une image choisie : c’est un lieu réel, austère, où l’on tourne, où l’on veille, sans rien attendre. Et c’est ça qui agit. J’ai repris la structure des carnets : années, mois, articles. Simple. Ubuweb. Épuré. J’avais regardé le site de Guillaume Vissac, Fuir est une pulsion, mais je n’ai pas su comment l’intégrer. Très admiratif de la sérénité apportée par les pages de Carl Dubost. Parfois c’est en échouant qu’une forme se décide. J’ai remis une aside à droite. Pas pour dupliquer, mais pour bifurquer. "Lire aussi" : pas une redite, un décalage. Comme un accident de parcours qui crée un sens neuf. Le hasard devant, la raison derrière. Tailwind fonctionne. Tout roule. Mais ce n’est pas ça qui compte. Ce sont les détours, les impasses, les pages vides. Ce qu’on appelle lenteur ou perte. C’est là que ça travaille. C’est là que ça prend forme. Lentement. Par patience.
Pour continuer
Carnets | juillet 2025
30 juillet 2025
J’avais dit "table rase", pas pour rien. SPIP et MySQL m’ont répondu en chœur. Tout ce que j’avais construit sur mon site local a été mis par terre par l’importation de ma base de données distante vers mon PhpMyAdmin local. Au début, j’ai tempêté. Des heures et des heures de boulot qui s’envolent en un clic. Puis je me suis souvenu de mon envie de faire table rase. Et je me suis dit que cet incident était plutôt une chance, que ça allait m’aider. SPIP a connu pas mal de mises à jour, et c’est là qu’il faut être vigilant. Il ne suffit pas de lancer le fameux spip_loader.php pour mettre à jour la distribution. Il faut aussi aller voir du côté de la base de données et vérifier les versions (table spip_meta). De vieux plugins non mis à jour peuvent également s’accumuler et créer des distorsions. C’est à peu près tout cela qui m’est tombé sur le coin du nez ces derniers jours. Ignorance ou négligence : le débat reste ouvert. Le fait est que SPIP, en contrepartie de sa robustesse et de sa fiabilité (quand tout roule), demande un peu de jugeote, de mémoire et d’attention. La gravité du problème rencontré n’est pas immense. J’avais bien sûr pris soin de sauvegarder mon travail. Mais quand même, devoir tout refaire ne m’amuse pas. Cela m’oblige donc à repenser, une fois encore, ce que je veux — ou ce que je ne veux pas (la seconde option est toujours plus facile). Je reprends donc, encore une fois, la reconstruction des squelettes, os près os — mais sans doute avec un peu plus d’expérience, ce qui se paie d’échecs, comme il se doit. En attendant, je continue à écrire mes textes sur le site en ligne. Je ne donne pas de date pour la mise en ligne de la prochaine version, mais j’ai déjà quelques trouvailles dans la boîte — notamment un JavaScript extra qui permet de disposer d’une imprimerie de poche pour créer des livres numériques. Reste à savoir ce que j’y mets, dans ces livres. Ce n’est pas l’embarras du choix qui manque.|couper{180}
Carnets | juillet 2025
29 juillet 2025
Contrôler l'accès à la nourriture, c'est contrôler les corps, les territoires, les populations. Impossible de ne pas penser aux famines organisées, aux embargos, aux politiques agricoles. En même temps qu'à la télévision on aperçoit ces parachutages de denrées sur Gaza, on repassait hier La Passion de Dodin Bouffant, du réalisateur Trần Anh Hùng. Il s’est produit quelque chose d’étrange à cet instant. Une attirance et une répulsion dans un même mouvement, pour la nourriture, mais plus encore pour cette culture de la mangeaille. Et ce, malgré la qualité visuelle et sonore — surtout sonore — du film. Ça m’est resté en travers de la gorge. Soudain, cette surreprésentation de la bouffe m’est apparue profondément obscène. Mais pas plus, au fond, que ce qu’on nous fait avaler sur papier glacé, dans les affiches publicitaires, sur les réseaux sociaux. L’importance que la nourriture a prise ces dernières années est considérable. Peut-être que le culte de la boustifaille est vraiment apparu sur les réseaux lors des premiers confinements de 2019 ou 2020. Il y avait là déjà quelque chose d’abject, mais j’y accordais sans doute moins d’importance. Peut-être même en ai-je profité, en recopiant quelques recettes. Mais hier soir, non. En écoutant le frémissement du bouillon clair, les rissolements des foies, les rôtis en train de suer, j’avais plutôt envie de dégueuler qu’autre chose. J’avais déjà vu ce film en 2023, je crois, et je n’avais pas éprouvé la nausée à un tel point. Cette célébration m’avait même laissé admiratif, et en même temps nostalgique, voire envieux. Les souvenirs du culte sont nombreux, ils remontent à l’enfance, aux grandes tablées, aux aurores embaumées par l’odeur de brûlure de pattes de volaille, par l’oignon qui revient vers une tendre transparence. Autant de souvenirs olfactifs que l’on se passe comme un relais dans les familles françaises de classe moyenne depuis des générations. Ce goût de la bouffe, de la “bonne chair”, je le transporte encore dans mes gènes. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, à tant de reprises, de m’en séparer. De traverser des périodes d’austérité, peut-être dans l’unique but de m’en débarrasser. Mais ça revient. Par le nez, par les papilles. C’est plus fort que moi, comme on dit. Un réflexe pavlovien de chien qui revient vers le maître, celui qui, à la fois, le bat et le caresse. Une voix, tout au fond de moi, voudrait me ramener à je ne sais quelle “raison”. Tu confonds tout, me dit-elle. Tu ne peux pas mettre sur un même plan les exactions, les guerres, l'effroi des images que ces événements charrient, avec l'atmosphère tellement chaleureuse d'un film célébrant la gastronomie française. Tu ne peux pas, tu n’en as pas le droit, continue-t-elle. Je l’écoute, je la respecte. Mais pourtant, si je mets cela en parallèle, si je les place sur un même plan, c’est que le plan du dégoût est devenu si vaste, une fois les apparences traversées — les apparences tellement claires — ainsi que les contours fumeux des lendemains qui ne chantent pas.|couper{180}
Carnets | juillet 2025
paupière tombante
Voir la honte au moment même où elle vous prend, c’est voir par en-dessous. Par défaut. À rebours. Ce n’est plus une image, c’est un voile. Une membrane lente descend sur la pupille, un clignement avorté, comme une fermeture en suspens. J’ai connu un perroquet honteux. Il chantait à tue-tête auprès de ma blonde, mais sa paupière flanchait à chaque syllabe. Elle s’écroulait sur l’œil, molle, involontaire. Il continuait de chanter, mais à moitié aveugle. Un œil fermé par la honte et l’autre qui insistait. L’entêtement du regard blessé. La honte n’arrive pas de l’extérieur. Elle monte. Elle boursoufle la vue. Elle se glisse entre le monde et soi comme un écran bistre, opaque, figé. Elle ne trouble pas la vue : elle l’arrête. Et quand elle laisse passer un peu de lumière, c’est une lumière malade, caverneuse. Voir par la honte, c’est comme voir à travers un œil d’aiguille : un point, rien de plus. Honte d’être là. Nu, immobile. Pris dans une impudeur si totale qu’elle semble presque tranquille. Et pourtant personne ne voit. Personne ne regarde. L’invisibilité n’apaise rien. Elle épaissit. Elle appuie là où ça brûle. Elle fait mieux que montrer : elle isole. Le regard manque, mais l’essentiel reste. La honte ne dépend pas de l’œil de l’autre. Elle se propage par en dedans, de la peau jusqu’au nerf optique. la honte au centre du paysage n’arrondit pas les angles. Elle tient le milieu comme un pion figé. Autour, les allées blanches dessinent une spirale hésitante, un tourbillon à ras du sol. Le sable crisse sous les pas, sans rythme net. J’avance d’un pas, je recule de trois. Chaque détour me ramène au point d’avant. À la manière d’un patineur sur carton glacé, glissant sans grâce sur un vieux jeu de l’oie. On ne gagne rien, on recommence. Une case vide, une case piégée, une case où l’on attend.|couper{180}