Encore une fois, le bruit courut. Les poubelles avaient gagné. Et probablement le syndic, ou l’on ne savait qui encore. Peut-être le réparateur d’ascenseurs, qui ne se pressait plus de venir. Les vieux restaient en hauteur. Et comme ils ne descendaient plus, les poubelles non plus.

C’est la police qui enfonça la porte du 6ᵉ droite. Un certain monsieur Richard. Comme il n’y avait plus de gardien ni de gardienne dans l’immeuble, on frappa aux portes voisines. La seule qui s’ouvrit fut celle du voisin qui avait téléphoné à cause de l’odeur.

-- Vous sentez cette odeur ? dit-il en levant le nez au beau milieu du couloir.

Parquet ciré, encaustiqué, petit paillasson devant les portes. Murs tapissés d’un papier peint neutre. Minuterie pour l’éclairage. La porte céda assez facilement. Un sac poubelle fit irruption sur le parquet. Puis un second. Et encore un troisième.

Les policiers se frayèrent un passage dans l’appartement en faisant la chaîne. Au grand dam du voisin prévenant, qui voyait les sacs d’ordures envahir le couloir. Les brancardiers ne tardèrent pas, l’un d’eux avec une sorte de pulvérisateur. Une odeur chimique, assez neutre. Puis tout ce petit monde redescendit : les brancardiers avec leur brancard, les policiers avec leurs talkies-walkies.

Le voisin prévenant fit des allers-retours pour emporter les ordures au local poubelle. Le lendemain, le propriétaire fit venir une équipe de nettoyage. En quelques heures, l’appartement était remis au propre.

Le voisin prévenant se hâta de répondre « je ne sais pas » lorsqu’on lui posa la question de savoir si le vieux qui était décédé avait de la famille.