On croit chercher l’original. On grimpe sur des échasses, on se prend de haut. Mais ça finit toujours par tomber.

Le familier revient. Grimé. Soleil en chocolat qui fond dans l’œil, aveugle, fait pleurer.

L’original, c’est peut-être ça : du familier avalé, mal digéré, recraché. Tas tiède. Épluchures. Personne n’en veut. On les ramasse, on les fait bouillir. On goûte. Pas bon. Pas mauvais. C’est la faim qui décide.

Puis, un jour, la langue se vide. Plus de souvenir. Plus de comparaison. La langue nue.

Et là : le goût surgit. Patate. Courgette. Navet. Brut. Net. La vie elle-même.

Alors on reste seul avec cette évidence : ce qu’on croyait nouveau, c’était déjà là.