réecriture

Le peintre entre à l’atelier, en pleine forme. Bien dormi, pas de douleur, la tête claire. Et soudain, l’angoisse. Paralysie. Pas de raison. Il s’assoit, la chatte relève une oreille, ronronne. Le silence s’épaissit.

Son regard tombe sur l’étagère : accumulation de pinceaux durcis, poils collés à l’huile séchée. Têtes réduites. Honte et trophée à la fois. Mémoire de la négligence, signe qu’il n’a jamais su prendre soin. Même de lui.

Aux enfants des ateliers, il pense. Leur calme, leur sérieux du jeu. L’heure passe sans qu’ils s’en rendent compte. Les parents attendent, pressés, téléphones en main. Pas un ne regarde les dessins. Le peintre, lui, voudrait cette légèreté-là : se jeter dans les gris colorés, comme un enfant.