Réécriture

Quand tout va mal, réflexe : chercher un coupable. Ça conforte le rôle de victime. Et ça fabrique l’antagoniste dont tout héros a besoin.

Nous nous inventons des buts. Illusoires, la plupart du temps. Ce qui compte, c’est le déplacement en route. La métamorphose.

Autrefois, les rôles étaient clairs. Zeus, Ulysse. La foudre, l’homme. Aujourd’hui, brouillard.

Religions, dogmes, doctrines. Toujours la même mise au pas. Curé, mollah, rabbin. Voix unique. Même joug. Reste quoi ? Ignorance ou lendemains crevés.

S’opposer, c’est accepter la solitude. Tourner autour d’un axe tordu. Mais un axe quand même.

Ce matin Charlie Hebdo. Solveig Minéo. Du féminisme au néopaganisme. Discours d’extrême droite sous cape. Le frisson. On peut devenir totalement con avec la plus grande sincérité.

On a déjà connu. Années 70. Patchouli, robes à fleurs, grimoires. Aujourd’hui resucée : Terre mère, phallus en plâtre, balais détournés, godemichés. Trop, c’est trop.

Le pire : j’y ai cru. Rêvé d’Héra sagouine. Athéna en cuir. Elfes, nains. Refuges minables. Pour ma vanité. Mon désespoir.

Voir clair demande des nerfs. La plupart se contentent de survivre. Mais la tentation reste : église, mosquée, forêt magique. Ou la salle de bains avec un canard en plastique.

Au plus bas, on réclame une rétribution. Si elle ne vient pas, on la prend. Rien n’est gratuit. Jamais. Alors Lovecraft, King, films d’horreur, pornos. Compensations absurdes.

Tout va encore bien tant qu’on ne comprend pas. Le jour où l’on devine derrière ces plaisirs une croix gammée, des camps à perte de vue, le vent glacé traverse la sueur brûlante dans le dos.

Y a-t-il une issue ? Hurlement. Femme en uniforme.

Ne jamais chercher d’issue. Sinon viendront les clochettes, les rideaux, les sectes. L’ignorance reviendra, triomphante, se vautrer, jouir d’avoir été exaucée.